Cette culture marine peut réellement améliorer durablement les moyens de subsistance des petits agriculteurs et exploitants, et renforcer l'autonomie des femmes dans les communautés côtières, en particulier en Asie et en Afrique.
© Shutterstock/ande Putu Hadi Wiguna | Un cultivateur d'algues à Nusa Penida, en Indonésie.
Les algues marines peuvent aider à améliorer les moyens de subsistance, à lutter contre le changement climatique et à combler le fossé entre les hommes et les femmes.
Le marché mondial des algues a triplé au cours des deux dernières décennies, atteignant 17 milliards de dollars en 2021, une petite partie du secteur de la pêche et des ressources marines, mais promise à une croissance rapide.
Les femmes jouent de plus en plus un rôle de premier plan dans le secteur des algues, puisqu'elles dirigent environ 40 % des jeunes entreprises.
Les algues marines, macroalgues polyvalentes, peuvent contribuer considérablement à l'action climatique, à la sécurité alimentaire et à l'égalité des sexes, selon une récente étude de ONU commerce et développement (CNUCED) intitulée « Un océan d'opportunités : le potentiel des algues marines à promouvoir les dimensions environnementales et sexospécifiques des objectifs de développement durable » (disponible en anglais).
Mais elles sont souvent éclipsées par la prédominance des secteurs de la pêche et de l'aquaculture, conduisant à une sous-estimation de leur poids économique, en particulier pour les femmes.
« Les algues ont des super-pouvoirs. Elles peuvent faire progresser la réalisation de plusieurs objectifs de développement durable à la fois : l'autonomisation économique des femmes et la sécurité alimentaire, tout en contribuant à la lutte contre la triple crise environnementale du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution », a déclaré Chantal Line Carpentier, chef de la branche « commerce et environnement » au sein de la CNUCED.
Usages variés
Les algues marines sont utilisées dans divers domaines, notamment comme aliments dans les sushis, les salades, les soupes et les boissons. Elles sont également utilisées dans les secteurs industriels tels que celui des produits pharmaceutiques, des aliments pour animaux aquatiques, des cosmétiques, du textile, des emballages biologiques et dans des projets environnementaux allant de la capture du carbone à la production d'énergie renouvelable.
En outre, elles sont utilisées pour remédier aux carences nutritionnelles courantes, notamment en fer, vitamine A, oméga-3 et iode. Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur leur composition nutritionnelle, leur biodisponibilité et les risques qu'elles présentent pour la santé.
Selon le rapport, la production d'algues est économe en ressources et son empreinte écologique est faible, car elle ne nécessite pas de terres, ni d'eau douce ou d'engrais. Elle absorbe également plus de carbone que les forêts tropicales ou les mangroves.
Cependant, il n'existe pas de réglementation, de normes et de recommandations globales pour la production d'algues et leur consommation par l’homme. Cela freine leur contribution à la résolution des problèmes globaux tels que la faim, la pollution plastique, la gestion des eaux usées et la gestion des polluants environnementaux.
Montée en flèche des prix et des volumes échangés
Les données de l’ONU commerce et développement montrent que le marché mondial des algues a plus que triplé au cours des deux dernières décennies, passant de 5 milliards de dollars en 2000 à 17 milliards en 2021, alors que les exportations mondiales s'élevaient à environ 1 milliard de dollars.
Le marché mondial de la pêche et des ressources marines vivantes a été estimé par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture à 400 milliards de dollars en 2020, ce qui fait des algues un petit segment à croissance rapide.
Ce marché en plein essor est extrêmement prometteur au-delà des secteurs de l'alimentation et de l'aquaculture, car il montre que les algues peuvent remplacer les combustibles fossiles dans des secteurs tels que ceux du textile et du plastique.
« Les algues peuvent favoriser la diversification des revenus, grâce à la création de nouvelles activités commerciales et d'emplois locaux, permettant ainsi l'autonomisation des femmes, des jeunes et des populations autochtones », a déclaré David Vivas Eugui, chef de la section des océans et de l'économie circulaire de l'ONU commerce et développement.
Mais le commerce international des algues et de leurs produits dérivés est sous-exploité, ne représentant que 14 % de la valeur totale du marché. Le Chili, la Chine, l'Indonésie, l'Irlande et la République de Corée en dominent les exportations.
Autonomisation économique des femmes
Les femmes constituent plus de la moitié de la main-d'œuvre nécessaire à la production d'algues dans des pays tels que l'Indonésie, les Philippines et la Tanzanie.
Comme dans d'autres secteurs, elles se heurtent à des problèmes de sécurité, d’hygiène et de santé. Elles se heurtent également aux discriminations liées au genre, tels que l'accès limité aux ressources, à la technologie et à la prise de décision, qui compromettent leur participation effective à la chaîne de valeur des algues marines.
Mais elles jouent de plus en plus un rôle de premier plan, puisque près de 40 % des jeunes pousses de ce secteur sont dirigées par des femmes, ce qui démontre son potentiel en tant que moteur économique et social pour l'égalité des sexes.
Le secteur a besoin de données désagrégées plus fiables pour l’élaboration de politiques prenant en compte la dimension du genre.
Recommandations politiques
Le programme de la CNUCED appelle à une collaboration entre les gouvernements, les organismes de réglementation, la société civile et le monde universitaire afin d'exploiter tout le potentiel des algues marines afin de voir émerger un avenir plus durable et plus équitable, notamment par l'intermédiaire de centres d'excellence régionaux.
Il exhorte les gouvernements à intégrer les algues dans les plans de développement nationaux, en tenant compte explicitement des questions de genre, et à promouvoir la formation des femmes à la création d’entreprise dans le domaine de la culture des algues et de l'aquaculture.
Les régulateurs devraient encourager le développement de substituts au plastique à base d'algues, intégrer les algues dans les installations de traitement des eaux usées, revoir les réglementations, les droits de propriété maritime et l'aménagement de l'espace marin afin de favoriser la participation des femmes.
Les groupes de la société civile et les associations de femmes devraient plaider en faveur de l'harmonisation des normes relatives aux algues marines et encourager la formation et l'adoption de normes internationalement reconnues et de réglementations en matière de sécurité alimentaire.
Les universités et les centres de recherche devraient étudier le potentiel de séquestration du carbone par les algues, les risques liés à la biosécurité, les avantages nutritionnels (en particulier pour les femmes), entre autres sujets.
