MACHINE NAME = WEB 1

L'investissement etranger se fracture sous l’effet des crises mondiales et impacte les economies en developpement

23 avril 2024

Nations Unies commerce et développement appelle à des stratégies d'investissement innovantes pour favoriser une croissance économique inclusive et durable.

Workers on the assembly production line of a car manufacturer in Karachi, Pakistan.
Default image copyright and description

© Shutterstock/SS 360 | Des ouvriers sur la chaîne de production d'un constructeur automobile à Karachi, au Pakistan.

Publié par ONU commerce et développement le 23 avril, le rapport intitulé "Fracture économique mondiale et évolution des modes d'investissement" examine le paysage complexe de l'investissement direct étranger (IDE) mondial.

Le rapport met en lumière dix changements transformationnels dans les priorités d'investissement vers les industries et les régions, telles que redessinées par les tendances sur les chaînes de valeur mondiales et les dynamiques géopolitiques. Il souligne la nécessité d'intégrer la durabilité et le développement dans les stratégies d'investissement.

Trois tendances divergentes dans les investissements étrangers mondiaux

Le rapport de l'ONU sur le commerce et le développement met en évidence les principales tendances en matière d'IDE qui ont évolué au cours des deux dernières décennies.

Premièrement, la croissance de l'IDE et des chaînes de valeur mondiales (CVM) n'est plus alignée sur la croissance du PIB et du commerce, ce qui révèle un changement significatif dans l'économie mondiale.

Depuis 2010, le PIB et le commerce mondiaux ont continué à croître à une moyenne annuelle de 3,4 % et 4,2 % respectivement, même dans un contexte de tensions commerciales en hausse.

En revanche, la croissance de l'IDE a stagné autour de 0 %, dans un contexte de montée du protectionnisme, de tensions géopolitiques croissantes et de prudence accrue des investisseurs.

De plus, le fossé se creuse entre le secteur manufacturier et le secteur des services, en faveur des services.

Entre 2004 et 2023, la part des nouveaux projets transfrontaliers dans le secteur des services est passée de 66 % à 81 %.

Simultanément, l'IDE dans le secteur manufacturier a stagné pendant deux décennies avant de chuter de manière significative, avec un taux de croissance annuel composé négatif de -12 % au cours des trois années qui ont suivi l’apparition de la pandémie de COVID-19.

Le déclin de l'industrie manufacturière a gravement affecté les petites économies, entravant leur capacité à participer à la production mondiale, à moderniser leurs méthodes de production et à adopter de nouvelles technologies.

Enfin, le rapport souligne que la géographie de l'IDE mondial a été considérablement remodelée par le rôle réduit de la Chine en tant que pays bénéficiaire.

Les multinationales ont montré moins d'enthousiasme à lancer de nouveaux investissements en Chine. Toutefois, le pays occupe toujours une position dominante dans l'industrie manufacturière et le commerce mondiaux, ce qui témoigne d'une transformation de son modèle de production international.

De la divergence à la fracture

Le passage de la divergence à la fracture dans les schémas d'investissement mondiaux apparaît comme une préoccupation majeure.

Les récents conflits et crises mondiaux ont perturbé les schémas d'investissement habituels, entraînant des relations d'investissement instables et limitant les chances de bénéficier d'une diversification stratégique.

Le rapport souligne que les décisions d'investissement sont désormais plus souvent influencées par des facteurs géopolitiques, qui l'emportent parfois sur les déterminants économiques, ce qui complique les approches habituelles en matière de promotion des investissements et entrave le développement fondé sur l'IDE.

La durabilité est à l'honneur, mais les petits pays en développement sont de plus en plus souvent laissés pour compte

Malgré les progrès réalisés en matière de durabilité et d'objectifs de développement durable, les effets sur les pays en développement sont mitigés.

La tendance croissante des IDE vers les technologies environnementales offre de nouvelles opportunités mais ne permet pas de remédier pleinement au ralentissement d'autres industries, affectant particulièrement les pays en développement et les pays les moins avancés, ce qui accroît la vulnérabilité de leurs économies.

L'expansion du secteur des services profite principalement aux grandes économies en développement qui peuvent rivaliser efficacement, créant un déséquilibre qui désavantage les plus petites, accentuant les disparités et soulignant la nécessité de politiques qui offrent des chances égales à tous les pays en développement.

Implications pour le développement

Le rétrécissement du champ d'action de l'IDE, tant sur le plan géographique que sectoriel, met à l'écart les nations plus petites et moins développées, ce qui accroît leur fragilité économique. En outre, la dépendance traditionnelle à l'égard des investissements dans le secteur manufacturier ne garantit plus une croissance ni un développement économique durables.

Appel à combler les déficits d'investissement

En réponse au besoin pressant de combler les disparités d'investissement entre les secteurs et les régions, ONU commerce et développement appelle à une action immédiate pour s'assurer que les bénéfices de l'investissement sont distribués plus équitablement et alignés sur les objectifs de développement primordiaux.

Recommandations politiques de ONU commerce et développement :

  • Exhorter les pays en développement à revoir leurs stratégies de développement économique.
  • Souligner l'importance des politiques qui attirent les IDE et en tirent le meilleur parti, en encourageant l'investissement vers la réalisation des objectifs de développement durable.
  • Appeler les décideurs politiques mondiaux, les chefs d'entreprise et les agences de développement à renforcer la collaboration aux niveaux mondial et régional et à œuvrer en faveur d'un environnement d'investissement mondial plus ouvert et plus équitable.

 

Cet épisode de The Weekly Tradecast examine un nouveau rapport des Nations unies sur les tendances en matière d'investissements étrangers directs (IED) avec Bruno Casella, économiste chez ONU commerce et développement (CNUCED).