MACHINE NAME = WEB 1

Augmenter le financement de l'adaptation au changement climatique doit être sur la table de la COP26

28 octobre 2021

Selon les estimations, les coûts annuels d'adaptation au climat dans les pays en développement pourraient atteindre 300 milliards de dollars en 2030 et, si les objectifs d'atténuation ne sont pas atteints, jusqu'à 500 milliards de dollars en 2050.

Climate change adaptation flooding
Default image copyright and description

Une femme touchée par les inondations au Bangladesh patauge dans l'eau jusqu'à la taille à la recherche d'eau potable. © UNOCHA

La deuxième partie du Rapport sur le commerce et le développement 2021 publié le 28 octobre présente les grandes lignes des réformes du système financier international qui permettraient d'acheminer davantage de fonds d'adaptation au changement climatique vers les pays en développement.

Publié avant le prochain sommet des Nations Unies sur le climat (COP26), le rapport appelle à une approche transformatrice de l'adaptation au changement climatique : les économies avancées veillant à ce que les institutions multilatérales puissent aider les pays en développement à gérer les pressions exercées par le changement climatique sans compromettre leurs objectifs de développement.

Selon les estimations, les coûts annuels d'adaptation au climat dans les pays en développement pourraient atteindre 300 milliards de dollars en 2030 et, si les objectifs d'atténuation ne sont pas atteints, jusqu'à 500 milliards de dollars en 2050. Mais les financements actuels représentent moins d'un quart du montant prévu pour 2030 et le rapport avertit que le recours au financement privé ne permettra pas d'atteindre l'échelle voulue ni de desservir les pays qui en ont le plus besoin.

Rebeca Grynspan, Secrétaire Générale de la CNUCED, a déclaré : "Réaliser l'engagement de 100 milliards de dollars par an pour le Fonds vert pour le climat est une nécessité à Glasgow. Mais pour aligner l'ambition et l'action, il faudra un effort de réforme concerté au niveau multilatéral afin de garantir un financement adéquat pour que les pays en développement s'adaptent aux conséquences de plus en plus graves du changement climatique. Le changement climatique ne connaît pas de frontières, aussi notre stratégie d'adaptation doit-elle être coordonnée au niveau mondial."

Propositions de réformes

Selon le rapport de la CNUCED, les réformes devraient se concentrer sur les points suivants :

  • Les engagements en matière d’Aide Publique au Développement (APD) doivent être respectés et dépassés, afin d'augmenter la proportion de financement additif désigné pour l'adaptation au changement climatique et le renforcement de la résilience. Si les pays du G7 avaient atteint l'objectif de 0,7 % d'APD en 2020, 155 milliards de dollars supplémentaires auraient été disponibles pour atteindre les objectifs de développement.
  • L’allègement et la restructuration de la dette des pays en développement doivent figurer en bonne place dans l'agenda climatique. Un point de départ évident serait la dette du groupe des V20, les pays les plus vulnérables au changement climatique. Mais le lien entre les crises liée au climat et à la dette met en évidence la nécessité de réformes plus systémiques de l'architecture internationale de la dette.
  • Les banques multilatérales de développement ont besoin de capitaux supplémentaires pour financer l'adaptation au climat par le biais de subventions et de prêts extrêmement concessionnels. Ces derniers pourraient être financés par une obligation verte et une taxe de style Tobin, ou par la réaffectation des subventions des combustibles fossiles.
  • Les marchés d’obligations vertes sont un moyen d'aider à lever des fonds à long terme. Cependant, les normes réglementaires sont en retard sur la croissance de ces marchés et l'écoblanchiment ou greenwashing est monnaie courante. Compte tenu de l'ampleur du défi, la régulation du marché des obligations vertes doit être soutenue par des niveaux correspondants de financement et de personnel, tant au niveau national qu’international.

Mettre le commerce au service de l’adaptation au changement climatique

Le rapport s'inquiète du fait que nombre d’initiatives de réforme qui prennent de l'ampleur dans le système commercial international continuent de minimiser les profondes divisions et asymétries qui structurent l'économie mondiale contemporaine.

Il suggère que la politique commerciale nationale peut au mieux jouer un rôle complémentaire dans la réalisation des objectifs climatiques, tandis que les règles commerciales internationales mal conçues entraveront une transformation verte.

L'élargissement de l'espace politique à l'aide d'outils juridiques, comme les dérogations et les clauses de paix de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), peut mieux aider les pays en développement à développer leurs capacités pour atteindre les objectifs climatiques. 

Les pays les plus pauvres sont confrontés à une perte annuelle de 15 milliards de dollars

La CNUCED prévient que la libéralisation du commerce des biens et services environnementaux profitera principalement aux exportateurs des pays développés et limitera la marge de manœuvre budgétaire des pays en développement.

Le rapport estime que les pays en développement et les pays les moins avancés perdront 15 milliards de dollars par an en recettes tarifaires si cette approche est poursuivie.

Il met en garde contre un mécanisme d'ajustement aux frontières pour le carbone (CBAM) qui ne ferait qu'aggraver les dommages causés par le changement climatique dans de nombreux pays en développement en sapant leurs capacités d'exportation et en rendant leur transformation structurelle plus difficile.  

Selon la CNUCED, les technologies vertes essentielles devraient être considérées comme des biens publics et leur accès devrait être rendu abordable pour tous.

La communauté internationale pourrait soutenir les initiatives visant à transformer les règles régissant les droits de propriété intellectuelle, en élargissant les flexibilités de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour les pays en développement en ce qui concerne les biens et services liés au climat, par exemple par le biais d'une déclaration ministérielle de l'OMC sur les ADPIC et le changement climatique.

Cela pourrait servir de base à des mécanismes novateurs pour promouvoir l'accès aux technologies vertes essentielles protégées par des brevets afin de soutenir les efforts d'adaptation et d'atténuation.

La CNUCED a publié la première partie de ce rapport en septembre.

La CNUCED aide les pays en développement à bénéficier plus équitablement et plus efficacement aux avantages d'une économie mondialisée et leur donne les moyens de faire face aux inconvénients potentiels d'une plus grande intégration économique.

Elle fournit des analyses, facilite la formation de consensus et offre une assistance technique. Elle aide ainsi les pays à utiliser le commerce, l'investissement, le financement et la technologie comme vecteurs d'un développement inclusif et durable.