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Intensifier l’usage des substituts au plastique est essentiel pour lutter contre la pollution

03 février 2023

Bien que la nature regorge d’alternatives durables aux plastiques, les entreprises et les pays doivent redoubler d’efforts pour accroître leur production et abattre les obstacles à leur expansion.

Farmer at a seaweed farm in Nusa Penida, Indonesia
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© deskcomm/Shutterstock | Un cultivateur d’algues à Nusa Penida, en Indonésie.

En 2021 le commerce du plastique représentait environ 369 millions de tonnes, soit assez pour remplir plus de 18 millions de camions. La file d’attente ferait 13 fois le tour du monde.

Sachant que moins de 10% de tous les plastiques produits ont été recyclés, la plupart des chargements de ces camions finiront par joncher nos rues et inonder nos mers.

Pourtant la nature regorge de matériaux durables comme le bambou, le sable, les bananiers et les algues qui pourraient tous être utilisés pour fabriquer des versions écologiques des pailles, sacs à provisions, bouteilles, emballages alimentaires et autres produits en plastique que nous utilisons quotidiennement.

Selon une étude de PEW, les substituts au plastique pourraient réduire les déchets mondiaux d’environ 17% d’ici 2040, soit environ 63 millions de tonnes de moins, soit 3,5 millions de camions en moins dans la file d’attente.

« Au-delà des avantages pour la planète, cette alternative offre des opportunités économiques », a déclaré Henrique Pacini, économiste à la CNUCED travaillant sur les questions de commerce et d’environnement.

« Mais les pays et les entreprises doivent travailler ensemble et à grande échelle pour accroître la production et réduire les obstacles au commerce », a déclaré M. Pacini.

Une opportunité à mille milliards de dollars

Un rapport de la CNUCED montre que le commerce mondial des substituts aux plastiques et de leurs produits s’élevait à environ 388 milliards de dollars en 2020, selon les dernières données, soit environ un tiers du commerce de produits en plastiques issus de combustibles fossiles. Le rapport a été élaboré dans le cadre du programme « Fabrication durable et pollution de l'environnement » (Sustainable Manufacturing and Environmental Pollution en anglais).

« Cela montre qu’il existe déjà un marché important pour les substituts au plastique et qu’il existe un énorme potentiel de croissance », a déclaré M. Pacini.

Les deux tiers des exportations mondiales de substituts au plastique sont sous forme de matières premières, principalement en provenance de pays en développement (voir graphique).

« Chaque pays peut se concentrer sur les matériaux pour lesquels il bénéficie d’un avantage », a déclaré M. Pacini, « tels que les cosses de noix de coco et le bambou dans de nombreux pays insulaires de la mer des Caraïbes et des océans Indien et Pacifique. »

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Mais de nombreuses entreprises dans les pays en développement ne disposent pas des technologies et des capacités nécessaires pour fabriquer des produits finis ou semi-finis à grande échelle.

Cela permet aux entreprises des pays développés d’investir dans les pays en développement qui voient leur technologie et leurs compétences se renforcer. 

« L’augmentation de la production de substituts au plastique dépendra du renforcement de la collaboration entre les pays développés et en développement », a déclaré M. Pacini.

Emballage en algues

La CNUCED collabore avec NotPla, une start-up londonienne utilisant des algues pour la fabrication d’emballages biodégradables.

NotPla a récemment commencé des essais au Chili et au Ghana, où elle travaille avec l’ONU et les ministères de l’environnement de ces deux pays pour tester des boîtes à emporter en algues marines et des emballages comestibles pour les liquides.

L’entreprise évalue le remplacement par ces emballages des sachets d’eau actuellement utilisés en Afrique, a déclaré son PDG Rodrigo Garcia lors d’un atelier sur les substituts au plastique organisé en décembre 2022 par la CNUCED et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La CNUCED collabore également avec NotPla et le Gouvernement de la Barbade pour étendre les services et les investissements de l’entreprise dans les pays des Caraïbes afin de réduire l’utilisation de plastiques à usage unique.


Ecoutez l'épisode du The Weekly Tradecast intitulé « Pas fantastique quand c'est du plastique : endiguer la marée des déchets océaniques » (uniquement en anglais).


Des règles du jeu déloyales

En plus de stimuler la production transfrontalière, les pays doivent travailler ensemble pour lever les obstacles au commerce et supprimer les incitations qui maintiennent des conditions de concurrence inéquitables pour les substituts au plastique.

La plupart des plastiques à base de combustibles fossiles bénéficient de davantage de subventions et de droits de douane inférieurs – un type de taxe sur les produits importés – que les substituts au plastique.

Par exemple, le tarif moyen dans le monde pour les pailles en plastique est de 7,7%. Pour les pailles en papier, il est de 13,3%, ce qui rend cette version sans plastique moins compétitive.

« En termes simples, les droits de douane actuels rendent les plastiques moins chers et, par conséquent, les gens hésitent à cesser de les utiliser et à adopter des substituts naturels », explique David Vivas, juriste de la CNUCED travaillant sur les questions de commerce et d’environnement.

Harmonisation des codes commerciaux

Pour créer des conditions plus équitables, la CNUCED a établi la première liste de produits de substitution au plastique avec leurs codes harmonisés (SH) respectifs.

Les codes SH font partie d’un système normalisé à l’échelle internationale de noms et de numéros qui permet aux pays d’être sur la même longueur d’onde lorsqu’ils classent les produits avant l’exportation et l’importation.

La liste des 282 codes de la CNUCED complète les travaux du Comité de négociation intergouvernemental des Nations Unies, qui négocie actuellement un instrument juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique. Elle soutient également le dialogue de l’OMC sur la pollution plastique, le rôle des substituts et des solutions de remplacement.

Et il peut aider à mettre en œuvre le Cadre mondial pour la biodiversité récemment adopté par Kunming-Montréal, qui fixe de nouveaux objectifs pour la protection de la biodiversité. Il s’agit notamment de réformer les subventions aux carburants nuisibles, telles que celles qui rendent les produits en plastique plus compétitifs.

Un tableau de bord du commerce et de la pollution

Le tableau de bord de la CNUCED sur le commerce et la pollution, qui fournit une analyse du cycle de vie de divers matériaux, permet aux entreprises et aux pays de saisir pleinement les avantages et les inconvénients environnementaux des différents substituts du plastique.

« Ensemble, les codes harmonisés et le tableau de bord peuvent aider les pays à identifier des substituts prometteurs du plastique, à réduire les droits de douane et à éliminer les obstacles non tarifaires à ces produits », a déclaré M. Vivas. 

« Si de telles incitations pour les matériaux polluants étaient réduites », a-t-il déclaré, « une économie sans plastique pourrait être atteinte plus rapidement. »