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L'economie palestinienne vacille sous l'impact du covid-19, pauvrete et chomage perdurent

14 septembre 2022

La CNUCED exhorte la communauté internationale à apporter un soutien financier adapté et prévisible au peuple palestinien afin d'atténuer ses souffrances et prévenir l’aggravation d’une crise socioéconomique déjà profonde.

Nablus, Palestine
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Shutterstock/Dave Primov | Naplouse, Palestine

Le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur son programme d’assistance au peuple palestinien montre que l'économie du territoire palestinien occupé a progressé de 7,1 % en 2021, après une contraction de 11,3 % en 2020 à la suite de la pandémie de COVID-19.

Mais après une baisse catastrophique du soutien de la communauté internationale, la crise budgétaire à laquelle est confrontée l'Autorité palestinienne s'est aggravée, alors que l'économie doit encore rattraper les énormes pertes qu'elle a subies depuis début 2020.  

Selon le rapport, la baisse à long terme du soutien budgétaire depuis la crise financière de 2008 et l'aggravation de la crise budgétaire à laquelle est confronté le gouvernement palestinien contredisent les expressions de soutien international à la solution à deux États.

En 2021 le PIB palestinien est encore resté inférieure de 5,1 % à son niveau pré-pandémique, indique le rapport. Et sa lente reprise est inégalement concentrée en Cisjordanie. Gaza reste à la traîne et les inégalités entre les deux régions palestiniennes se creusent.

En 2021, le chômage est resté élevé, à 26 %, dans le territoire palestinien occupé. A Gaza, plus de la moitié de la main-d'œuvre est sans emploi et 83 % des salaires des travailleurs sont inférieurs au salaire minimum.

En conséquence, la pauvreté s'est aggravée, les dernières données indiquant que 36 % de la population palestinienne vit sous le seuil de pauvreté. Parallèlement, l'insécurité alimentaire est passée de 9 à 23 % en Cisjordanie et de 50 à 53 % à Gaza.

Des obstacles systématiques

Le rapport indique que la capacité du gouvernement palestinien à répondre efficacement au choc du COVID-19 a été entravé systématiquement du fait de l'occupation qui le prive des outils politiques et de l'espace fiscal et monétaire dont disposent les autres gouvernements.

Le rapport prévient que si le statu quo est maintenue – avec une occupation persistante et une baisse du soutien des donateurs - à court et moyen terme, la croissance du PIB aura du mal à suivre la croissance de la population. Cette situation impliquerait, au mieux, une stagnation du PIB par habitant et la persistance d'un chômage et d'une pauvreté élevés.

Le rapport souligne le rôle de l'occupation dans la fragmentation de l'économie palestinienne et dans la privation d’un accès aux marchés régionaux et mondiaux pour ses producteurs, accès essentiels pour une petite économie au faible pouvoir d'achat intérieur.

"En gonflant les coûts de transport et de production, l'occupation nuit à la compétitivité des producteurs palestiniens et empêche de tirer profits des avantages du commerce international, des économies d'échelle et de l'intégration dans les chaînes de valeur régionales et mondiales", indique le rapport.

Il en résulte une dépendance à l'égard des importations et des exportations limitées et peu diversifiées : dix produits à forte intensité de main-d'œuvre représentent deux tiers des exportations totales.

Il en résulte un déficit commercial massif de 37 % du PIB en 2021, l'un des plus élevés au monde, et une dépendance commerciale vis-à-vis d'Israël, qui représente 72 % du total des importations et des exportations palestiniennes cette même année. 

Crise budgétaire profonde et disparition du soutien des donateurs

Le gouvernement palestinien a mis en œuvre de profondes réformes budgétaires, réduisant le déficit budgétaire de 23,9 % du PIB en 2007 à 5,6 % en 2021, ainsi que le ratio des dépenses publiques totales par rapport au PIB de plus de 20 points de pourcentage, de 50,5 % en 2007 à 30,4 % en 2021. 

Malgré ces réformes, le gouvernement est en proie, depuis 2020, à l'une des crises budgétaires les plus profondes de son histoire, caractérisée par un important déficit de financement et une baisse brutale de l'aide étrangère.

En outre, la puissance occupante contrôle plus des deux tiers des recettes fiscales palestiniennes, dont elle peut suspendre (et le fait souvent) le transfert et/ou applique d'importantes déductions arbitraires avant de transférer le reste.

En 2021, l'aide totale des donateurs est tombée à 317 millions de dollars, soit 1,8 % du PIB, une chute vertigineuse par rapport aux 2 milliards de dollars, soit 27 % du PIB de 2008. Parallèlement, l'aide budgétaire a diminué de moitié par rapport à 2020, s'élevant à 186 millions de dollars, soit seulement 1 % du PIB, contre 24 % en 2008. Parallèlement, l'aide au développement est passée d'un pic à 10,6 % en 2000 à un maigre 0,73 % en 2021.

La pénurie de ressources fiscales compromet la capacité du gouvernement palestinien à assurer les fonctions régaliennes de base et à remplir ses diverses obligations. L’état verse aux employés du secteur public des salaires partiels depuis novembre 2021.

L'impact de la crise fiscale est aggravé par le fait que le gouvernement palestinien ne dispose pas d'une vraie banque centrale, n'émet pas de monnaie nationale, a peu d'accès aux marchés financiers internationaux et a atteint les limites et épuisé les sources d'emprunt nationales fiables.

La crise peut être surmontée en levant les restrictions dues à l'occupation qui facilitent la fuite des ressources fiscales palestiniennes vers le trésor de la puissance occupante et réduisent l'assiette fiscale en étouffant l'activité économique.

L'occupation creuse le fossé entre les sexes

Les femmes palestiniennes sont touchées de manière disproportionnée par l'occupation, souligne le rapport. Les restrictions de mobilité sapent le droit des femmes à une participation égale au marché du travail en entravant leur accès au travail, à l'éducation et aux services de santé.

Les femmes palestiniennes sont confrontées à des problèmes de sécurité supplémentaires durant les trajets et aux points de contrôle, ce qui contraint nombre d'entre elles à travailler depuis leur domicile ou à proximité, ou à rester au chômage.

Même si les femmes palestiniennes se targuent d'avoir un meilleur niveau d'éducation et un plus grand nombre d'années de scolarité que les hommes, à la fin de 2021, 54 % d'entre elles étaient au chômage, contre 30 % des hommes.

Pendant ce temps, en moyenne, les femmes gagnaient 20 cents du revenu national brut pour chaque dollar gagné par les hommes.

Démolition des biens en Cisjordanie et souffrance croissante à Gaza

La puissance occupante contrôle entièrement la zone C, qui représente plus de 60 % de la superficie de la Cisjordanie. Il y est extrêmement difficile pour les Palestiniens d'obtenir des permis pour construire des bâtiments destinés à la résidence, aux activités économiques ou des infrastructures telles que routes, réseaux d'eau et d'électricité. Toute structure construite sans permis, comme c'est souvent le cas, est démolie par la puissance occupante.

En 2021, la démolition de biens palestiniens en Cisjordanie a atteint son niveau record depuis cinq ans avec 911 bâtiments démolis. Les structures financées par les donateurs n'ont pas été épargnées : 140 édifices humanitaires, y compris des structures résidentielles et des dépôts de vivre financés par des donateurs, ont été démolis.

La démolition des biens et la violence des colons créent des conditions de vie intolérables qui poussent les Palestiniens à quitter la zone C.

Depuis 2007, Gaza est soumise à un blocus complet qui a vidé son économie de toute substance. Elle a subi plusieurs opérations militaires qui ont dévasté une grande partie de ses infrastructures et contraint 80 % de sa population à dépendre de l'aide internationale.

Gaza est pris dans un cercle vicieux perpétuel où les interventions de la communauté internationale et des donateurs se limitent généralement à des activités humanitaires et de réhabilitation apportée dans l’urgence, laissant peu de ressources pour un redressement durable et une réponse aux besoins de développement à long terme.