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Les investissements pour lutter contre le changement climatique diminuent dans un contexte de crise mondiale

27 octobre 2022

Les projets d’investissement internationaux visant à lutter contre la crise climatique ont plongé dans le sillage des vents contraires de l’économie mondiale, bloquant des années d’élan croissant.

Passengers board an electric bus in central Jakarta, Indonesia.
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© Shutterstock/wibisono.ari | Des passagers montent à bord d’un bus électrique dans le centre de Jakarta, en Indonésie.

Les investissements transfrontaliers dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci devraient diminuer en 2022 dans un contexte de ralentissement de l’investissement mondial, selon un nouveau rapport publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) le 27 octobre.

Citant de sombres perspectives pour les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux en 2022, le rapport publié à l’approche de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique COP27 montre que le nombre de nouveaux projets d’investissement diminue dans la plupart des industries, notamment celles qui luttent contre le changement climatique.

Entre janvier et septembre 2022, les secteurs de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique ont respectivement enregistré 7 % et 12 % de nouveaux projets en moins, contrastant fortement avec la forte accélération de l’année précédente.

Les projets d’atténuation ont représenté 94 % des investissements internationaux dans le climat, tandis que ceux d’adaptation sont restés loin derrière.

Dans l’ensemble, les économies développées représentaient les deux tiers des accords internationaux de financement de projets et des investissements entièrement nouveaux dans les énergies renouvelables.

L’Europe représentait à elle seule plus de la moitié des projets d’énergies renouvelables, avec plus de 700 au cours des trois premiers trimestres de 2022.

L’Amérique du Nord et l’Asie en développement ont attiré environ 200 projets chacune, tandis que l’Amérique latine et les Caraïbes et l’Afrique en ont accueilli environ 150 et 100 respectivement.

La dynamique de l’action climatique menacée

« Le passage des combustibles fossiles aux investissements verts pour soutenir la transition énergétique risque de subir un revers, en raison de la perte de dynamisme des énergies renouvelables et des prix élevés du pétrole et du gaz », indique le rapport.

Pour l’instant, la tendance à la baisse des investissements affecte également les industries extractives et la production d’énergie à partir de combustibles fossiles, où le nombre de projets a chuté d’environ 16% au cours des trois premiers trimestres de 2022.

Mais le rapport avertit que les profits élevés des multinationales dans ces secteurs, combinés à la crise énergétique actuelle, pourraient conduire à une nouvelle poussée pour les investissements dans l’énergie basée sur les combustibles fossiles, dont la production exacerbe le changement climatique.

Une première indication en est la valeur des fusions et acquisitions transfrontalières dans l’industrie extractive, qui a été multipliée par six entre janvier et septembre 2022.

Tendances mondiales de l’investissement : ralentissement marqué attendu pour 2022

Selon un autre rapport publié par la CNUCED le 20 octobre, les flux d’IED au deuxième trimestre de 2022 ont atteint environ 357 milliards de dollars.

C’est une baisse de 31% par rapport aux trois premiers mois et de 7% de moins que la moyenne trimestrielle de 2021.

« La tendance négative reflète un changement dans le sentiment des investisseurs en raison des crises alimentaire, énergétique et financière dans le monde, de la guerre en Ukraine, de la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt et des craintes d’une récession à venir », indique le rapport.

Mais il a noté que les flux d’IDE au cours du premier semestre de l’année étaient toujours en hausse, la forte dynamique de croissance de 2021 s’étant poursuivie au premier trimestre.

Chute dans les pays développés

Les flux d’IED vers les économies développées ont diminué de 22 % au deuxième trimestre par rapport à la moyenne de 2021, à environ 137 milliards de dollars.

En Europe, les flux vers les pays de l’Union européenne ont augmenté de 7%, tandis que les pays extérieurs au bloc ont vu leurs entrées chuter de plus de 80%.

Les entrées de capitaux en Amérique du Nord ont diminué de 22 %, les fusions et acquisitions transfrontalières ciblant les entreprises américaines ayant diminué de plus de moitié.

« Une certaine résilience » dans les pays en développement

Les flux d’IED vers les économies en développement en tant que groupe ont montré une certaine résilience, augmentant de 6 % pour atteindre 220 milliards de dollars.

Mais cette légère hausse est principalement due à la poursuite de la croissance dans plusieurs grandes économies émergentes.

L’Amérique latine et les pays en développement d’Asie ont maintenu leur élan d’IED antérieur, tandis que les flux vers l’Afrique se sont presque complètement taris.

Baisse des projets d’investissement en raison du resserrement financier

Le rapport a révélé que les annonces de nouveaux projets d’investissement – un indicateur des tendances futures – se sont affaiblies au cours des trois premiers trimestres de 2022, tout en soulignant le resserrement continu des conditions financières et l’incertitude accrue des investisseurs.

Le nombre d’annonces de projets entièrement nouveaux – principalement dans le secteur manufacturier – a chuté de 10 %, tandis que celui des opérations internationales de financement de projets – principalement dans les infrastructures – a stagné au niveau de 2021. Dans les deux cas, les chiffres mensuels montrent une tendance à la baisse.

Les baisses les plus marquées des nouveaux projets d’investissement ont été enregistrées dans les économies développées ainsi qu’en Amérique latine et en Asie centrale.

Selon le rapport, le nombre de projets a diminué dans la plupart des industries, à quelques exceptions près, notamment dans les industries extractives et pétrochimiques.

En termes de valeur, les projets Greenfield ont tout de même connu une croissance, en raison de quelques annonces importantes concentrées dans l’approvisionnement en électricité et en gaz.