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L'indice de croissance inclusive de la CNUCED fait ressortir le besoin d'aller au-delà du PIB

17 novembre 2023

Cet outil permet aux pays de savoir qui bénéficie de la croissance économique, si celle-ci est durable sur le plan environnemental et de connaître d'autres indicateurs de progrès.

A woman sorts through trash in Indonesia
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© Shutterstock/hilmanfajar | Une femme triant les déchets à Balikpapan, en Indonésie.

De nouvelles données de la CNUCED publiées le 16 novembre mettent en évidence les limites du produit intérieur brut (PIB) en tant qu’outil de mesure globale du progrès, soulignant ainsi qu'une production économique plus élevée n'équivaut pas à une croissance plus inclusive et durable.

Lancé en juin 2022, l'indice de croissance inclusive de l'organe des Nations unies chargé du commerce et du développement mesure non seulement les paramètres économiques traditionnels tels que le PIB, mais aussi des indicateurs sur les conditions de vie, l'égalité et la durabilité environnementale.

En 2023 sa couverture a été élargie pour inclure de grandes économies comme la Chine et l'Inde. Il couvre désormais 129 pays représentant 93 % de la population mondiale et 96 % du PIB mondial.

La dernière édition montre que si des disparités importantes subsistent - le score global moyen des économies développées en matière de croissance inclusive est presque deux fois plus élevé que celui des économies en développement - certains écarts se réduisent.

Par exemple, dans la catégorie environnement, les économies développées obtiennent une moyenne de 42,5 sur 100, contre 31,3 pour les économies en développement - un contraste moins grand que dans la catégorie économie, où les scores sont respectivement de 41,7 et 14,7.

Ces conclusions font écho à l'appel du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, pour aller au-delà du PIB.

« Le PIB est un bon indicateur de l'activité économique, mais il ne mesure pas nécessairement ce qui compte le plus pour les populations et la planète aujourd'hui et à l'avenir », déclare Anu Peltola, qui dirige le Service des statistiques de la CNUCED.

« Il est tout aussi important de mesurer qui bénéficie de la croissance économique, que de savoir si cette croissance améliore les conditions de vie des populations et, comment elle affecte l'environnement ».

Des valeurs anormales parmi les économies en développement

Les économies développées comme le Luxembourg, la Suisse et l'Irlande restent en tête de l'indice global. Singapour et les Émirats arabes unis (EAU) sont les seules économies en développement à figurer dans le top 30.

Mais, un examen plus approfondi révèle les bonnes performances des économies en développement dans les différentes catégories.

Singapour par exemple, obtient un score de 90,4 pour les conditions de vie, dépassant ainsi de nombreuses nations développées. De même, l'Argentine, le Brésil, le Chili, la Chine, le Costa Rica, la Malaisie, la Thaïlande, la Turquie, les Émirats arabes unis et l'Uruguay obtiennent tous un score supérieur à 70, plus proche de la moyenne des économies développées (85,3) que de celle des économies en développement (43,8).

En termes d'égalité, la Chine (78,7), le Mexique (77), l'Argentine (76,8) et la Namibie (75,3) atteignent la moyenne des économies développées (77,2), dépassant de loin les 45,2 des économies en développement.

Pour la catégorie environnementale, les économies en développement comme Singapour (58,6), le Panama (48,3) et la République dominicaine (48) comblent l'écart avec les principales économies développées, comme le Danemark (64,8), l'Irlande (63,6) et le Royaume-Uni (62,6) en affichant des progrès en matière d'efficacité énergétique et de gestion des émissions de carbone.

Variations entre les économies développées

« Si l'on creuse un peu plus, on s’aperçoit que l'indice révèle également de nombreuses disparités entre les économies développées », explique Mme Peltola.

Les scores vont de 100 à 11,6 dans la catégorie économie, de 100 à 55,8 pour les conditions de vie et de 100 à 56,3 en termes d'égalité.

Mais la plus grande variation est observée dans le domaine de la durabilité environnementale, où les scores vont de 100 (Luxembourg) à 4.

Les défis de la gestion des déchets

L'indice dévoile l'urgence de rompre le lien entre la croissance économique et l'utilisation des ressources naturelles et les déchets, les économies développées produisant environ deux fois plus de déchets par habitant que ne produisent les économies en développement.

Le Luxembourg, par exemple, l'une des économies les plus avancées dans la catégorie économie, produit environ 800 kilogrammes de déchets par personne et par an, représentant plus de 2 kilogrammes de déchets par personne par jour.

À l'autre extrémité du spectre, les estimations montrent que les habitants du Lesotho ne produisent que 37 kilogrammes par personne et par an. En général, les économies les moins avancées et les Petits états insulaires en développement ont les taux de déchets par habitant les plus bas.

Bien qu'une production économique plus élevée et une densité de la population génèrent généralement plus de déchets, des pays comme le Japon et la Corée du Sud montrent qu'une gestion plus efficace des déchets est possible.

Un outil essentiel pour les politiques futures

Alors que le monde est confronté à des défis pressants liés au changement climatique et à l'aggravation des disparités socio-économiques, l'indice fournit des données essentielles aux décideurs politiques pour cibler les domaines à améliorer et élaborer des solutions plus efficaces.

La nécessité d'une approche plus globale dans l'évaluation du développement devrait être l'un des principaux sujets abordés lors du Sommet du futur de 2024.