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Miser sur un potentiel inexploité : le miel en Angola

05 novembre 2020

Le gouvernement envisage la production de miel pour mener à bien la diversification économique du pays, lequel dépend principalement du pétrole. Il travaille avec la CNUCED et l'Union européenne pour développer cette production et en stimuler les exportations.

Honey bees

Max Vicente cherche à développer son entreprise de miel naturel biologique, Maxmel, dans la province de Huambo, au cœur de l'Angola.

Il a créé son entreprise en 2012 après avoir décroché un doctorat en zootechnie et appris les ficelles de l'apiculture à São Paulo, au Brésil.

Maxmel produit deux tonnes de miel par an, entièrement écoulées en Angola. Mais M. Vicente aimerait évaluer le potentiel de son produit sur les marchés étrangers.

Il n'est pas le seul à parier sur les abeilles angolaises. Le gouvernement et la CNUCED ont identifié la production de miel comme un secteur qui pourrait contribuer à diversifier l'économie du pays. En 2019, le pétrole représentait environ 33 % de son PIB et 93 % des exportations.

« En l'absence d'hivers rigoureux, le climat est parfait pour l'apiculture commerciale », explique Frederico Maurício, chef du département pour le développement de l'apiculture à l'Institut angolais pour le développement forestier. « Et il est possible de produire du miel dans toutes les régions ».

Ce pays d'Afrique australe produit actuellement 90 tonnes de miel par an. Une analyse réalisée par la CNUCED dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne (UE) a cependant montré que les quelque 100 000 apiculteurs angolais - pour la plupart de petits entrepreneurs - pourraient facilement doubler leur production pour atteindre 200 tonnes, au minimum.

Maxmel

©Maxmel

 

L'obstacle de la certification

Dans les années 50, l'Angola était l'un des plus grands producteurs de miel au monde. Mais au fil des années, la production nationale, restée traditionnelle et artisanale, a pris du retard, alors que dans d’autres pays, les apiculteurs introduisaient des techniques plus modernes.

L’utilisation de techniques traditionnelles de production de miel est un obstacle pour les producteurs comme M. Vicente, qui ne peuvent faire l’économie d’une certification internationale, véritable sésame pour les marchés à l’export.

Pour accéder à ces marchés, les producteurs de miel doivent se conformer aux cadres réglementaires publics garants de la sécurité et de la qualité des produits sur les marchés ciblés.

Ils doivent également se conformer à une série de normes privées élaborées par les détaillants, les groupes industriels, les organes de certification et les organisations non gouvernementales.

Selon M. Vicente, les deux tonnes de miel que Maxmel produit annuellement ne suffisent pas pour se projeter à l’export. Même si elles l'étaient, il n'obtiendrait pas de certification internationale car l'entreprise ne dispose pas de l'équipement semi-automatique recommandé.

« Le miel angolais a un grand potentiel d'exportation en Europe, en Amérique du Nord et au-delà », a déclaré Paul Akiwumi, directeur de la CNUCED pour l'Afrique et les pays les moins avancés. « Mais pour exploiter ce potentiel, il faudra aborder les questions de certification et de régularisation du secteur informel ».

Et d’ajouter : « Le secteur mellifère a également besoin d'une législation spécifique, d'un accès plus facile au financement et d'une logistique adaptée pour être compétitif au niveau régional et international ».

Bénéfices pour l'environnement et la production alimentaire

L'Angola et la CNUCED ont identifié le miel non seulement pour son potentiel économique mais aussi pour les avantages que les communautés rurales peuvent en retirer, sans oublier les bénéfices pour l’environnement.

« Le miel peut être un secteur dynamique de l'économie verte », a déclaré Teresa Moreira, directrice par intérim du commerce international à la CNUCED. « Lorsque l'apiculture et la production sont bien gérées, les producteurs de miel contribuent à la sauvegarde de la biodiversité ».

Plus d'arbres, donc plus de nourriture pour les abeilles et au final plus de miel : c’est pourquoi les apiculteurs bénéficient d’une incitation financière à protéger l'écosystème local.

Et comme les abeilles sont des pollinisateurs, elles aident les agriculteurs à produire plus de nourriture. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, environ 75 % des cultures mondiales destinées à la consommation humaine dépendent en partie des pollinisateurs.

« La production de miel est donc également vertueuse pour la sécurité alimentaire locale », a déclaré Mme Moreira.

Formation des producteurs locaux

La CNUCED a organisé en juillet un séminaire sur l'amélioration des techniques de production de miel, sur le respect des normes de certification et les exigences en matière d'exportation.

Plus de 50 représentants du gouvernement angolais, entrepreneurs et apiculteurs, dont M. Vicente, ont participé à cette formation. Ils représentaient huit provinces angolaises : Bengo, Cabinda, Cuanza Sul, Huambo, Huíla, Luanda, Moxico et Uíge.

Des apiculteurs brésiliens, qui ont été confrontés aux mêmes difficultés que les producteurs angolais, ont animées certaines sessions. D’autres ont été organisées par des organismes publics tels que la Corporation brésilienne de recherche agricole (mieux connue sous son acronyme portugais EMBRAPA).

Le séminaire a dû être organisé virtuellement en raison de la pandémie COVID-19, ce qui a posé des problèmes dans un pays où la plupart des gens n'ont pas accès à une connexion internet fiable et abordable.

Pour soutenir l'initiative de la CNUCED, l’Institut angolais pour le développement forestier a aménagé une salle dans la province de Huambo, où les participants ont pris part à la formation tout en respectant les restrictions liées à la COVID-19.

« La logistique était difficile, mais il était très important de s'assurer que les producteurs de miel locaux puissent participer », a déclaré Mario Jales, économiste à la CNUCED. « Beaucoup d’entre eux sont de petits agriculteurs dont les ressources sont modestes ».

À la suite du webinaire, la CNUCED a facilité la participation de deux producteurs de miel angolais à un forum international sur les abeilles organisé les 29 et 30 août par la Confédération brésilienne de l'apiculture.

La CNUCED prévoit d'organiser un deuxième webinaire pour les producteurs de miel angolais en novembre 2020, ainsi qu'un atelier de formation de formateurs locaux début 2021.

L'objectif est de mieux former les experts angolais pour qu'ils puissent partager leurs connaissances avec les petits producteurs des régions reculées du pays.

Les travaux de la CNUCED sur le miel en Angola s'inscrivent dans le cadre d'un examen national des exportations vertes, l'un des sept volets du programme Train for Trade II de la CNUCED financé par l'UE dans le pays.

L'UE collabore avec la CNUCED en Angola dans des domaines clés du développement économique, à savoir le renforcement de l'environnement des affaires, la promotion des investissements durables, la dynamisation du secteur privé et la création d'emplois pour les personnes défavorisées.