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Pauvreté, dette et risques climatiques : le Secrétaire général adjoint de la CNUCED appelle à un soutien accru aux pays à revenu intermédiaire

08 février 2024

Ces pays, qui comptent environ 62 % des personnes pauvres de la planète, sont confrontés à des défis majeurs et manquent du soutien nécessaire, notamment en matière d'accès au financement.

A fruit seller in Saqisilli, Ecuador
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© Shutterstock/Pierre Jean Durieu | Un vendeur de fruits sur un marché de Saqisilli, en Équateur.

Le 6 février, le Secrétaire général adjoint de la CNUCED, Pedro Manuel Moreno, a mis l'accent sur les défis et le potentiel des pays à revenu intermédiaire lors d'un discours prononcé à l'occasion d'une conférence de haut niveau à Rabat, au Maroc.

 Moreno a déclaré que ces pays ne bénéficient pas du soutien mondial dont ils ont besoin, alors qu’ils comptent environ 75 % de la population mondiale et 62 % des personnes pauvres de la planète. Ils sont aussi confrontés à une dette croissante et leurs vulnérabilités climatiques sont de plus en plus marquées.

« Si nous nous engageons à créer un monde de prospérité partagée, ces pays ont besoin de notre soutien », a déclaré M. Moreno.

‘Une évolution décourageante’

Le chef adjoint de la CNUCED a déclaré que peu de pays à revenu intermédiaire ont réussi à rattraper les économies avancées au cours des décennies passées. Certains ont même vu leur revenu par habitant diminuer.

Cette ‘évolution décourageante’ vers le rattrapage est entravé par la complexité des changements structurels et de la croissance, en particulier lorsque les avantages initiaux du déplacement de la main-d'œuvre de l'agriculture vers l'industrie manufacturière s'estompent.

À mesure que ces économies se développent, la disponibilité de la main-d'œuvre rurale sous-employée diminue. Pour continuer à gravir les échelons et éviter le "piège du revenu moyen", elles doivent se doter des capacités nécessaires pour développer de nouveaux produits.

Le rôle essentiel des politiques industrielles

Moreno a souligné le rôle essentiel des politiques industrielles pour aider certains pays à éviter ce piège, en citant des exemples de réussite en Asie de l'Est, comme en République de Corée.

Ces pays ont tiré parti de leurs compétences industrielles existantes pour développer et étendre de nouveaux secteurs de production et d'exportation, en s'orientant vers des domaines plus complexes et à plus forte valeur ajoutée, comme les secteurs de l'acier et de l’électronique.

« Au cœur de ces réussites se trouvaient des politiques industrielles ciblées », a déclaré M. Moreno. « Alors que ces politiques étaient passées de mode il y a quelques années, elles connaissent un regain d'intérêt, et ce pour de bonnes raisons. »

Nécessité d'alléger le fardeau croissant de la dette

Le chef adjoint de la CNUCED a toutefois précisé que ces stratégies nécessitaient une marge de manœuvre budgétaire, qui est actuellement limitée dans les pays à revenu intermédiaire par le fardeau croissant de la dette et l'accès limité au financement.

Aujourd'hui, 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent plus pour le remboursement de leur dette que pour la santé ou l'éducation. Et la plupart d'entre elles vivent dans des pays à revenu intermédiaire, qui ne sont pas éligibles à l'allègement de la dette par le biais du cadre commun du G20.

Moreno a réitéré l'appel de la CNUCED en faveur d'un mécanisme efficace d'allègement de la dette qui permette de suspendre les paiements, d'allonger la durée des prêts et d'abaisser les taux d'intérêt. Il a également plaidé pour fournir d’urgence un financement abordable et à long terme pour l'investissement dans ces pays, affirmant que la recapitalisation des banques multilatérales de développement est une bonne solution.

La CNUCED, a-t-il dit, soutient pleinement l'appel du Secrétaire général de l'ONU en faveur d'une impulsion d'au moins 500 milliards de dollars par an dans le cadre des objectifs de développement durable.

Le potentiel des technologies vertes

Moreno a souligné le rôle clé que les politiques industrielles peuvent également jouer en capitalisant sur le potentiel ‘vert’ de ces pays.

« Le potentiel des énergies renouvelables et de la transition énergétique est immense dans les pays à revenu intermédiaire », a-t-il déclaré en citant l'exemple du Maroc.

Le pays abrite aujourd'hui l'un des plus grands parcs éoliens d'Afrique et pourrait devenir un exportateur majeur d'énergie solaire.

Mais pour réaliser ce potentiel, il faut un accès rapide aux technologies propres.

« La transition énergétique ne peut se faire sans un large accès aux technologies vertes », a-t-il déclaré. « Il est de notre intérêt commun que cela se produise rapidement et partout. »