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Création de logiciels dans les pays en développement: les possibilités se multiplient


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2012/039
Création de logiciels dans les pays en développement: les possibilités se multiplient
Le Rapport sur l’économie de l’information presse les gouvernements de promouvoir la conception locale de logiciels adaptés aux conditions locales

Geneva, Suisse, 28 novembre 2012

Les pays en développement devraient mettre à profit les nouvelles compétences de leurs concepteurs de logiciels pour développer des produits adaptés aux besoins et aux capacités locales afin d’accroître les revenus et de remplir des objectifs de développement économique et social, indiquent les auteurs du nouveau rapport de la CNUCED.

Le Rapport 2012 sur l’économie de l’information1, sous-titré L’industrie du logiciel et les pays en développement, est paru aujourd’hui. Il presse les gouvernements de prendre des mesures propres à renforcer les capacités locales de production de logiciels. Conçus et produits à un niveau local, ils auront d’autant plus de chance d’être bien adaptés au contexte, à la culture et à la langue des utilisateurs locaux. Disposer des capacités nécessaires pour adopter et adapter les logiciels existants et, à terme, les produire localement est un avantage économique; ces capacités peuvent également contribuer au développement des exportations de logiciels.
 
Contribution potentielle de l’industrie du logiciel au développement

Avec la généralisation de la téléphonie mobile et l’amélioration des liaisons à haut débit, les possibilités qui s’offrent aux pays en développement de participer à la conception et à la production de logiciels se multiplient.
L’accès amélioré aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et aux services connexes, y compris dans les pays les moins avancés (PMA), élargit les possibilités de tirer profit des TIC pour contribuer au développement dans des domaines comme la santé, l’éducation, la gouvernance, et la création et le développement des entreprises. Toutefois, pour que cet accès amélioré ait les effets bénéfiques souhaités, les logiciels utilisés pour rendre fonctionnels les biens et les services fournis doivent être adaptés aux besoins et aux capacités des utilisateurs. Des logiciels bien adaptés peuvent, par exemple, aider les entreprises à mieux gérer leurs ressources, à être plus efficientes dans leur recherche d’informations et à abaisser leurs coûts commerciaux.

La conception et la production de logiciels peuvent contribuer à la transformation structurelle de l’économie des pays − c’est-à-dire les affranchir de leur dépendance à l’égard d’une production à faible intensité technologique et d’une gamme trop restreinte de produits d’exportation. Elles peuvent aussi encourager l’apprentissage, l’innovation et la création d’emplois, notamment pour les jeunes ayant des qualifications.

De plus, les débouchés sont de plus en plus nombreux pour les créateurs de logiciels dans les pays en développement. Les marchés publics liés à l’administration en ligne sont une source importante de demande intérieure. Le marché des applications mobiles destinées à améliorer l’accès aux médias et aux divertissements locaux, aux services publics, aux soins de santé, aux services d’information commerciale et aux transferts d’argent par téléphonie mobile, s’étend. Selon les estimations, le secteur des applications mobiles aurait rapporté entre 15 et 20 milliards de dollars au niveau mondial, et ce montant pourrait s’élever à 38 milliards de dollars d’ici à 2014.

Avec l’accès amélioré à l’Internet à haut débit, le travail en ligne (externalisation, travail à distance, travail sous-traité ou travail indépendant) est rapidement devenu une des caractéristiques de l’industrie mondiale de la conception de logiciels. Beaucoup de concepteurs, dans les pays en développement, travaillent déjà de cette manière. Elance.com, par exemple qui est l’une des principales plates-formes de travail en ligne, recrute des employés dans plus de 150 pays. Le Bangladesh comptait une dizaine de milliers de programmateurs indépendants gagnant quelque 15 millions de dollars par an − montant équivalent à un quart des exportations de logiciels du pays.

Beaucoup de potentiel sous-exploité

Les pays en développement disposent d’une marge d’action considérable pour mieux tirer parti du potentiel de l’industrie du logiciel. Selon les estimations, les dépenses de logiciels et de services informatiques se sont élevées à quelque 1 200 milliards de dollars en 2011. Les quatre cinquièmes de ce montant revient aux pays industrialisés, tandis que le reste correspond principalement à des pays en développement d’Asie de l’Est, du Sud et du Sud-Est. Les dépenses combinées du reste du monde en développement dans ce secteur se chiffrent à 4 % seulement (fig. 1).

Dans les régions développées, les dépenses de logiciels et de services sont aussi relativement plus élevées en proportion des dépenses totales consacrées aux TIC (fig. 1). Par exemple, en Amérique du Nord, elles représentent 43 % des dépenses de TIC, contre 11 % seulement en Afrique et en Amérique latine. La faiblesse des ratios est un signe que les logiciels sont peu utilisés, ce qui risque de freiner la progression vers une société de l’information largement ouverte. 

Des orientations commerciales différentes

L’orientation commerciale de la production de logiciels diffère sensiblement entre les pays (fig. 2). Dans certains pays en développement (tels que le Costa Rica, Sri Lanka et l’Uruguay), la valeur des exportations de logiciels et de services informatiques excèdent largement le montant des dépenses nationales de logiciels et de services informatiques qui sont relativement faibles. Cela pourrait indiquer que les besoins locaux en logiciels sont étouffés par la demande des marchés extérieurs. Dans d’autres pays (dont l’Afrique du Sud, le Brésil, le Chili et le Kenya), les dépenses en logiciels sont élevées mais les exportations faibles, suggérant un potentiel d’expansion. L’Argentine, l’Inde, la Malaisie et les Philippines sont parmi les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire où les exportations et les ventes sur le marché intérieur ont atteint des niveaux relativement élevés.

Dans les pays dotés d’un secteur du logiciel naissant, rattraper l’avance des autres pays impliquera initialement surtout l’adoption massive de logiciels développés à l’étranger. La revente, l’installation et l’adaptation de logiciels étrangers importés ainsi que la formation à leur utilisation servent souvent de point de départ aux entreprises locales qui passent ensuite à des activités à plus forte valeur ajoutée. Le marché intérieur est important parce qu’il aide les entreprises à acquérir les connaissances nécessaires et à créer de nouveaux produits. À cet égard, l’exemple de la Chine est éloquent. D’après des statistiques officielles chinoises, la valeur de la production de logiciels est passée de 7 milliards de dollars en 2000 à 285 milliards de dollars en 2011. Dans une proportion de 90 %, cette production est destinée au marché intérieur mais elle est souvent intégrée dans la fabrication de produits des TIC et dans d’autres biens qui sont, par la suite, exportés.

Rôle essentiel des gouvernements

Les gouvernements devraient participer activement à la promotion des capacités logicielles et au renforcement de leur système informatique national (fig. 3). Ils sont d’importants acquéreurs de logiciels. Ce sont eux qui fixent le cursus éducatif pour la formation des ingénieurs en informatique, déterminent l’accessibilité des infrastructures de TIC et définissent la législation et la réglementation qui influent sur l’adoption et l’utilisation des TIC. En même temps, les stratégies nationales concernant les logiciels devraient être élaborées sur la base de consultations avec d’autres parties intéressées − représentants de l’industrie du logiciel, des milieux universitaires et des concepteurs de logiciels, et diverses catégories d’usagers. Ces stratégies devraient aussi être intégrées dans les politiques nationales de TIC.

D’une manière générale, il faudrait s’attacher à développer des infrastructures de TIC d’un coût abordable, à adapter les programmes d’enseignement des universités et des établissements de formation spécialisée pour obtenir les compétences voulues, à développer l’environnement commercial et l’environnement juridique, et à faciliter les interactions entre producteurs et utilisateurs nationaux, ainsi qu’avec les réseaux internationaux. Dans la nouvelle enquête réalisée par la CNUCED et l’Alliance mondiale pour les technologies de l’information et les services informatiques (WITSA) auprès d’associations nationales des TIC/de l’industrie du logiciel, les obstacles à la croissance de l’industrie du logiciel et des services informatiques les plus fréquemment mentionnés étaient le manque de capital-risque, les pénuries de personnel qualifié et un trop faible volume de marchés publics (tableau 1).

Il est recommandé aux gouvernements d’utiliser les marchés publics visant à répondre à leurs besoins d’administration en ligne comme des outils stratégiques permettant de stimuler la demande intérieure de logiciels. Dans ce contexte, il est souhaitable de recourir aux normes ouvertes et aux logiciels libres lorsque ceux-ci offrent une solution compétitive aux besoins nationaux. En encourageant la créativité, l’innovation et l’initiative individuelles ainsi que le travail en équipe à un niveau décentralisé, les logiciels libres peuvent soutenir les processus d’apprentissage qui permettent aux utilisateurs de devenir des créateurs de logiciels, au lieu de rester de simples consommateurs passifs de technologies propriétaires. Parmi les autres avantages stratégiques de ces logiciels, on peut citer la réduction des coûts d’utilisation en l’absence de droits de propriété et la réduction des erreurs. Les nouvelles tendances des TIC, notamment l’importance croissante de «l’informatique en nuage» («cloud computing»), des applications mobiles et des données massives («big data»), vont dans le sens d’une expansion du logiciel libre.


Figure 1. Dépensés de services et logiciels informatiques, et de TIC, par région, 2011
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Source: CNUCED, basé sur WITSA/IHS Global Insight, Inc.

Figure 2. Intensité des exportations de services et de logiciels informatiques et dépenses de services et logiciels informatiques en part du PIB, 2010, pour quelques pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (en pourcentage)
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Source: CNUCED, adapté de WITSA/IHS Global Insight, Inc. et de la base de données statistiques de l’OMC.

Figure 3. Un système d’informatique national
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Source: CNUCED.

Tableau 1. Principaux obstacles à la croissance et au développement de l’industrie du logiciel et des services informatiques (pourcentage de réponses mentionnant chaque facteur)
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Source: Enquête CNUCED-WITSA réalisée auprès d’associations nationales des TIC/de l’industrie du logiciel, 2012.
Note: * Sauf Asie occidentale; **Amérique latine et Caraïbes.
Sur la base de 38 réponses.



Rapport complet  - http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/ier2012_en.pdf (seulement en anglais)
Apperçu général - http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2012overview_fr.pdf