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Faits et Chiffres


Communiqué de presse
Pour l'utilisation des médias d'information - Ce n'est pas un document officiel
Traduction non officielle. En cas de divergence, la version anglaise prévaut"
UNCTAD/PRESS/PR/2021/046
Faits et Chiffres

Rapport 2021 sur le Développement économique en Afrique:

La contribution potentielle de la zone de libre-échange continentale africaine à une croissance inclusive


Geneva, Suisse, 8 décembre 2021

(1) La croissance inclusive est une croissance qui réduit la pauvreté et les inégalités

  • Les niveaux de pauvreté ont diminué dans la plupart des pays africains : En moyenne, la proportion des ménages africains dont le niveau de consommation est inférieur au seuil de pauvreté de 1,9 $/jour est passée de 40 % en 2010 à 34 % en 2019. En deçà de 3,2 $/jour, le taux de pauvreté est passé de 63 % à 59 % ; et en deçà de 5,5 $/jour, il est passé de 83 % à 80 %.
  • D'autre part, les inégalités se sont creusées entre et au sein des pays africains. L'indice de Gini, mesurant la répartition des revenus, varie de 27,6% (Algérie) à 63,3% (Afrique du Sud), où 0% indique que tout le monde a le même revenu et 100% implique qu'un ménage reçoit tous les revenus. 

(2) La pandémie a entraîné une augmentation des niveaux de pauvreté en Afrique

  • L'Afrique se distingue comme la région du monde la plus touchée en termes de perte de revenus des ménages pauvres : le taux de pauvreté en 2021 (à 1,90 $ en parité de pouvoir d'achat (PPA)/jour) aurait augmenté de 3 points de pourcentage en raison de la pandémie (par rapport aux estimations pré-COVID-19 des niveaux de pauvreté en 2021).
  • Alors qu'en 2019, 478 millions de personnes vivaient dans l'extrême pauvreté, on estime qu'en 2021, 490 millions de personnes en Afrique vivent sous le seuil de pauvreté de 1,90 $ PPA/jour, soit 37 millions de personnes de plus que ce qui était prévu sans la pandémie.  

(3) Moins de la moitié de tous les pays africains ont connu une croissance inclusive entre 2000 et 2020

  • La croissance a été inclusive (croissance réduisant la pauvreté et les inégalités) dans seulement 17 des 49 pays africains de l'échantillon ; réduisant la pauvreté, mais augmentant les inégalités dans 18 pays ; et non inclusif sur l'une ou l'autre dimension dans 14 pays africains.
  • Les éléments importants de la croissance inclusive comprennent de meilleurs résultats en matière de développement humain, une plus grande inclusion sociale, la création d'opportunités d'emploi productif et formel et le développement environnemental.

(4) Une plus grande intégration régionale à travers la ZLECAf offre plus d'opportunités pour une croissance transformatrice et inclusive 

  • En 2019, l'Afrique représentait 2,8% du commerce mondial. Le commerce intra régional de l'Afrique ne représentait que 4,4% du commerce continental total.
  • Les exportations extracontinentales de l'Afrique reflètent une forte dépendance vis-à-vis des matières premières, rendant le continent vulnérable aux chocs externes tels que la demande mondiale et la volatilité des prix des matières premières.
  • La part des produits transformés dans les exportations extracontinentales est faible à 17%. En revanche, 41 % du commerce intra-africain est composé de produits transformés, ce qui suggère des avantages potentiels plus élevés d'un commerce régional accru pour une croissance transformatrice et inclusive.
  • Une intégration régionale plus poussée a le potentiel de générer plus d'opportunités de gravir les échelons technologiques que les exportations extracontinentales, car les exportations intra-africaines sont technologiquement plus avancées, comme l'indique une part plus importante comprenant des produits manufacturés de moyenne et haute technologie.
  • D'une part, la ZLECAf devrait augmenter le commerce grâce à la libéralisation tarifaire et à la suppression des barrières non tarifaires, et d'autre part, la ZLECAf devrait attirer des investissements pour renforcer les capacités de production, augmentant l'offre de l'Afrique pour répondre à la demande régionale croissante.

(5) La simplification du commerce régional par le biais de la ZLECAf offre de nouvelles opportunités de revenus et réduit les vulnérabilités des commerçants transfrontaliers informels 

  • L'économie informelle, y compris le commerce et l'emploi informels, est importante pour le continent. Le commerce transfrontalier informel (CTFI) joue un rôle clé en termes de sécurité alimentaire et fonctionne comme un emploi de dernier recours pour de nombreuses personnes vulnérables, en particulier dans les zones frontalières où les opportunités d'emploi sont limitées. On estime que l'emploi informel sur le continent constitue la plus grande part de l'emploi, représentant en moyenne 72% de l'emploi non agricole et 98% de l'emploi agricole.
  • Les enquêtes indiquent que le CTFI peut représenter jusqu'à 90 % des flux commerciaux officiels à certaines frontières ; il contribue à 30 %-40 % du commerce total au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ; et à environ 40 % des échanges dans le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA).
  • Sans données précises sur le CTFI, il est impossible de produire un tableau complet du commerce intra-africain. La surveillance du commerce transfrontalier informel est essentielle pour déterminer les produits sensibles et les modalités de réduction tarifaire correspondantes pour lesquels un pays devrait activement rechercher un meilleur accès au marché dans le cadre de la ZLECAf.

(6) La libéralisation des tarifs d'ici 2025 dans le cadre de la ZLECAf devrait augmenter le potentiel d'exportation intra-africain de 9,2 milliards de dollars

  • Le secteur automobile détient le plus grand potentiel d'exportation dans le cadre de la libéralisation tarifaire attendue, mais seules quelques grandes économies africaines devraient en bénéficier (par exemple, l'Afrique du Sud et le Maroc représentent, respectivement, 88% et 8% du potentiel dans ce secteur).
  • Le potentiel de la ZLECAf pour renforcer les chaînes de valeur régionales peut augmenter la résilience des pays africains dans l'ère post-COVID-19, en particulier pour lutter contre les pénuries de fournitures médicales et faciliter le commerce alimentaire.
  • Dans les industries de transformation des aliments, qui offrent un fort potentiel de participation des femmes et présentent un potentiel d'exportation élevé grâce à l'intégration intra-africaine, la plus part des pays africains ont des capacités de production et la capacité d'augmenter les exportations intra-africaines d'aliments transformés. 

(7) S'attaquer aux obstacles non tarifaires au commerce est encore plus important que la libéralisation tarifaire pour promouvoir un commerce plus inclusif 

  • Un élément clé de la croissance inclusive consiste à accroître la participation à l'activité économique et au commerce à tous les niveaux de revenu en augmentant l'entrepreneuriat et l'emploi des groupes marginalisés.
  • S'attaquer aux récentes barrières commerciales intra régionales, telles que les frictions commerciales dues aux mesures non tarifaires (MNT), aux lacunes des infrastructures régionales et aux informations inadéquates sur le marché, peut débloquer 21,9 milliards de dollars supplémentaires à court terme :
    • Un potentiel commercial inexploité de 8,6 milliards de dollars peut être réalisé en s'attaquant aux frictions actuelles du marché (telles que les MNT), aux lacunes des infrastructures régionales et aux informations inadéquates sur le marché.
    • Un potentiel d'exportation inexploité de 13,3 milliards de dollars est tiré par le PIB et la croissance démographique, qui devraient se traduire par une augmentation de l'offre et de la demande au cours des cinq prochaines années.[1]
  • Cependant, les 33 pays africains les moins avancés ne représentent que 16 % du potentiel inexploité - les principaux exportateurs africains détiennent la plus grande part : l'Afrique du Sud (36 %), l'Égypte (15 %) et le Maroc (6 %).

(8) Le fardeau réglementaire des mesures non tarifaires a tendance à avoir un impact négatif disproportionné sur les petites entreprises disposant d'informations et de ressources financières limitées. 

  • La numérisation des procédures commerciales transfrontalières et l'adoption de procédures de certificats d'origine électroniques ont un grand potentiel pour favoriser l'inclusion.
  • Pourtant, la mise en œuvre de procédures commerciales sans papier n'a pas encore décollé : jusqu'à présent, seuls cinq pays ont mis en œuvre plus de la moitié des engagements liés au commerce numérique. 

(9) La lutte contre l'inégalité structurelle entre les sexes est essentielle pour que les femmes exploitent pleinement leur potentiel et bénéficient de la ZLECAf.

  • Les commerçants transfrontaliers informels (les femmes en particulier) sont confrontés à des défis et à des obstacles inhérents qui les empêchent de tirer pleinement parti de leur potentiel et les rendent plus vulnérables aux chocs et aux crises. En raison des fermetures des frontières par les gouvernements africains suite à la pandémie, les commerçants transfrontaliers ont subi un épuisement important de leurs économies et ont eu du mal à subvenir aux besoins de leurs familles, car la plupart d'entre eux n'ont pas d'autres entreprises commerciales.
  • La pandémie de COVID-19 et les fermetures de frontières qui en découlent ont creusé les disparités entre les sexes, car les femmes, en moyenne, ont tendance à échanger plus de produits périssables et ont été plus durement touchées en raison des invendus et des coûts plus élevés des affaires.
  • Dans le secteur manufacturier, seulement 7 % des entreprises, en moyenne, sont détenues par des femmes (sur la base des données de 45 pays africains obtenues à partir des enquêtes de la Banque mondiale sur les entreprises) ; la majorité appartient uniquement aux hommes.
  • Les différences entre les sexes dans les résultats de performance et la compétitivité des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) dirigées par des femmes sont souvent motivées par des contraintes sexospécifiques, aggravées par leur concentration dans le secteur informel.
  • Les défis du côté de l'offre sont des facteurs qui entravent la capacité des commerçants à développer leurs activités et à commercialiser des biens à plus forte valeur ajoutée. Le manque d'accès à des financements abordables et à des facilités de crédit est l'un des défis les plus urgents pour les commerçants, en particulier les femmes.

(10) Un mécanisme de règlement des différends pratique et efficace doit être mis en place pour favoriser la confiance mutuelle, la responsabilité et l'état de droit

  • La résolution des obstacles au commerce nécessite souvent une longue période de temps. Par exemple, au sein de la zone de libre-échange tripartite [2], le temps nécessaire pour résoudre les problèmes varie entre 46 et 2 082 jours.
  • L'un des obstacles non tarifaires les plus courants, à savoir les problèmes liés aux règles d'origine [3], prend en moyenne 536 jours pour être résolu.
  • Dans le but de réduire les coûts associés à la représentation physique, le règlement des différends dans le cadre de la ZLECAf pourrait numériser le règlement des différends commerciaux en utilisant des mécanismes en ligne lorsque cela est possible et réalisable. Un tel mécanisme en ligne pourrait rendre le processus plus accessible aux États qui ont des contraintes financières strictes.
  • Il est essentiel de donner aux petites et moyennes entreprises, aux femmes et aux jeunes entrepreneurs et aux commerçants transfrontaliers informels les moyens de faire entendre leur voix dans le processus de règlement des différends par le biais de plateformes régionales et nationales.
  • De meilleures données sur le commerce transfrontalier informel peuvent contribuer à créer une plus grande transparence et aider à éviter ou du moins à faciliter le règlement des différends liés à l'origine incertaine des marchandises faisant l'objet d'un commerce informel, ce qui a été un problème dans le passé

(11) Il est peu probable que les politiques commerciales à elles seules soutiennent une croissance inclusive

  • Certaines des questions les plus importantes du programme d'intégration africaine - le renforcement des capacités productives et des chaînes de valeur régionales - sont traitées dans les phases II et III des négociations de la ZLECAf.
  • Pour le continent africain, la valeur annoncée des projets Greenfield transfrontaliers a chuté de plus de 6%, passant de 77 milliards de dollars en 2019 à 29 milliards de dollars en 2020 en raison de la pandémie.
  • Les accords d'investissement, tant bilatéraux que régionaux, jouent un rôle crucial dans la réglementation des dispositions et des obligations des investisseurs pour garantir des investissements durables. Pourtant, seuls quelques accords existent entre les pays africains – en 2020, seuls 141 des 733 traités d'investissement bilatéraux signés par les pays africains étaient des accords d'investissement intra-africains.
  • Le Protocole de politique d'investissement dans le cadre de la ZLECAf a le potentiel d'harmoniser les politiques d'investissement et de promouvoir des investissements ciblés dans des secteurs pertinents pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. En 2020, moins de 50 % des États membres de l'ONU avaient adopté des mesures politiques encourageant les investissements dans les secteurs liés aux ODD tels que les infrastructures, l'eau, l'assainissement et la santé.

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À propos de la CNUCED

La CNUCED est l'organisme des Nations Unies pour le commerce et le développement. Il aide les pays en développement à accéder plus équitablement et plus efficacement aux avantages d'une économie mondialisée et les prépare à faire face aux inconvénients potentiels d'une plus grande intégration économique.

Il fournit des analyses, facilite la recherche de consensus et offre une assistance technique pour aider les pays en développement à utiliser le commerce, l'investissement, la finance et la technologie comme vecteurs d'un développement inclusif et durable.

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[1] L’offre est captée par la part du marché mondiale de l'exportateur africain et la demande par les importations du marché africain. Une évaluation prospective du potentiel d'exportation explique l'évolution attendue de l'offre et de la demande sur le continent, sur la base des prévisions d'octobre 2020 du PIB et de la croissance démographique.

[2] La zone de libre-échange tripartite est un accord entre le Marché commun de l'Afrique orientale et australe, la Communauté de l'Afrique de l'Est et la Communauté de développement de l'Afrique australe

[3] .Les règles d'origine font référence aux critères nécessaires pour déterminer la nationalité d'un produit.

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