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La Croissance Économique de l'Afrique Ralentit Fortement


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2022/015
La Croissance Économique de l'Afrique Ralentit Fortement

Près de 60 % des pays africains à faible revenu sont déjà en situation de surendettement ou risquent de l'être alors que des millions d'Africains retombent dans la pauvreté dans un contexte d’insécurité alimentaire grandissante


Genève, Suisse, 3 octobre 2022

L'activité économique de l'Afrique devrait connaître une croissance modérée de 2,7% en 2022 et de 2,4% en 2023, après un rebond de 5,1% en 2021, selon le Rapport sur le commerce et le développement 2022 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

En conséquence, 58 millions d'Africains supplémentaires tomberont dans l'extrême pauvreté en 2022, s'ajoutant aux 55 millions déjà poussés dans l'extrême pauvreté par la pandémie de COVID-19, indique le rapport.

"Le ralentissement économique entraîne de nouveaux reculs dans la réalisation de l'Agenda 2030 pour le développement durable", a déclaré Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED.

Selon le rapport, près de 60 % des pays africains à faible revenu sont déjà en situation de surendettement ou courent un risque élevé de l'être, car les niveaux d'endettement, tant privés que publics, atteignent des sommets.

En outre, plus de 60 % des pays africains ont besoin d'une aide extérieure pour se nourrir, et la faim continue de se répandre sur le continent.

Plusieurs nouveaux défis

Selon la CNUCED, le fort ralentissement économique reflète plusieurs nouveaux défis. Il s'agit notamment des prix internationaux élevés des denrées alimentaires et des carburants fossiles, des chocs financiers dus au resserrement plus fort que prévu de la politique monétaire dans les économies avancées et des risques aigus d'insécurité alimentaire dans de nombreuses parties du continent.

Ces chocs négatifs récents se sont ajoutés aux tensions économiques et sociales engendrées par deux années consécutives de pandémie.

Bien que les chiffres de croissance agrégés masquent une grande hétérogénéité au sein des pays africains, les perspectives de croissance sur le continent se sont détériorées de manière générale.

Cela se reflète en partie dans la trajectoire de croissance des trois plus grandes économies, le Nigeria, l'Égypte et l'Afrique du Sud, qui représentent ensemble environ 60 % du produit intérieur brut de l'Afrique.

Au Nigeria, l'économie a progressé de 3,1 %, d’une année sur l’autre, au premier trimestre de 2022, contre 4,0 % au quatrième trimestre de 2021. Il s'agit du sixième trimestre consécutif d'expansion économique. La croissance continue du secteur non pétrolier - plus précisément, des sous-secteurs des services et de l'agriculture - a été le principal moteur de cette expansion. En 2022, l'économie du Nigeria devrait connaître une croissance de 2,9 %, en raison de la faiblesse de la production pétrolière due à des obstacles techniques et sécuritaires dans un contexte de sous-investissement.

En Égypte, l'activité économique a continué de croître relativement rapidement au début de 2022, grâce au tourisme, à l'industrie manufacturière non pétrolière et au commerce. Pourtant, le pays a adressé une demande au FMI pour un nouveau programme en mars 2022, lorsqu'il a dû faire face à de nouvelles turbulences financières. Pour le reste de l'année, l'activité économique devrait se tasser en raison des retombées négatives de la guerre en Ukraine, ce qui conduit à une prévision de croissance annuelle de 4,0 %.

En Afrique du Sud, la croissance au premier trimestre 2022 a surpris à la hausse (+1,7 %), avant de se contracter de 0,7 % au deuxième trimestre, suite à des inondations dans le sud-est du pays. Si l'investissement privé s'est renforcé sous l'effet de la reprise, celui du secteur public reste faible. Les dépenses des ménages - qui avaient continué à progresser au début de 2022 - se sont contractées au deuxième trimestre et devraient rester modérées jusqu'à la fin de l'année en raison de la hausse de l'inflation, de la baisse du prix des actifs et de la hausse des taux d'intérêt. Dans le même temps, le tourisme, l'hôtellerie et la construction devraient connaître une reprise plus forte au cours de l'année. Parmi les autres vents contraires, citons la faiblesse des investissements et du climat des affaires, la hausse des prix des denrées alimentaires et des principaux intrants importés, le fort endettement de la classe moyenne et la volatilité accrue des flux de capitaux, qui aggravent les problèmes à plus long terme, tels que le chômage élevé et les inégalités. En conséquence, l'économie devrait afficher un taux de croissance plus faible de 1,4 % en 2022.

Ailleurs sur le continent, les économies dépendantes du tourisme ont bénéficié du retour des visiteurs internationaux, tandis que les exportateurs de carburant ont bénéficié de termes d'échange favorables. Pourtant, la situation économique reste difficile dans la plupart des pays du continent.

Surendettement et insécurité alimentaire

La Zambie a accepté un programme du Fonds monétaire international (FMI) d’une durée de 3 ans et le Ghana et la Tunisie sont en pourparlers pour une aide financière d’urgence. À la fin du mois de mai 2022, le FMI et la Banque mondiale considéraient que 16 pays africains à faible revenu présentaient un risque élevé de surendettement, tandis que 7 pays étaient déjà en situation de surendettement.

Parallèlement, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture estime que 33 pays africains ont besoin d'une aide extérieure pour se nourrir, tandis que l'insécurité alimentaire aiguë risque de s'aggraver au cours des prochains mois dans 18 de ces économies. "La flambée des prix des engrais due à la guerre en Ukraine menace de réduire la production alimentaire et d'aggraver la crise alimentaire, les petits exploitants agricoles étant probablement les plus touchés", a déclaré Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED. La situation est particulièrement grave dans certaines parties de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest en raison de l'insuffisance de la production agricole, des multiples saisons de sécheresse et de la persistance des conflits.

Les indices des prix à la consommation et à la production ont augmenté sur tout le continent, touchant particulièrement les ménages les plus vulnérables. Dans plusieurs pays, ces deux indices ont atteint des chiffres à deux chiffres. Dans l'ensemble, les prix élevés sont susceptibles d'exacerber les troubles sociaux sur le continent.

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À propos de la CNUCED

La CNUCED est la principale institution de l'ONU chargée du commerce et du développement. C'est un organe intergouvernemental permanent créé par l'Assemblée générale des Nations unies en 1964.

La CNUCED fait partie du Secrétariat de l'ONU et compte 195 pays membres, ce qui en fait l'une des plus grandes institutions du système des Nations unies. La CNUCED aide les pays en développement à accéder de manière plus efficace et équitable aux avantages d'une économie mondialisée.

Nous fournissons des analyses économiques et commerciales, facilitons la formation de consensus et offrons une assistance technique pour aider les pays en développement à utiliser le commerce, l'investissement, le financement et la technologie pour un développement inclusif et durable.

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