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Le commerce maritime et l’Afrique


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/IN/2018/006
Le commerce maritime et l’Afrique
La croissance démographique et l’intégration régionale peuvent promouvoir le commerce maritime africain à condition de renforcer la navigation, les ports et l’accès à l’arrière-pays

Geneva, Suisse, 3 octobre 2018

​La faible intégration de l’Afrique dans le système commercial mondial est perceptible dans le secteur maritime du Continent. Première pour la jeunesse de sa population et deuxième pour le nombre de ses habitants, l’Afrique a pourtant une formidable chance à saisir.

Commerce maritime

Le commerce intercontinental de l’Afrique est lourdement tributaire des navires et des ports. Si le continent représente quelque 2,7 % du commerce mondial en valeur, il contribue bien davantage au commerce maritime mondial en volume, puisqu’il compte pour 7 % dans les exportations et 5 % dans les importations par voie maritime. Bien qu’un tiers des pays africains n’aient pas de littoral, le transport maritime reste le principal moyen d’accès au marché mondial.

Le commerce maritime africain est façonné par la forte concentration des échanges du continent et leur faible diversification. C’est ainsi qu’en 2017, 40 % des marchandises exportées par mer étaient constituées de pétrole brut, alors que plus des deux tiers des importations étaient composées de marchandises sèches (vrac sec et marchandises conteneurisées) et près de 20 %, de produits pétroliers et de gaz.

L’Union européenne reste le principal partenaire commercial de l’Afrique, bien que sa part dans les échanges du continent soit passée de la moitié environ en 1995 à un tiers en 2017. Ces dernières années, le commerce avec les États-Unis d’Amérique a diminué pour augmenter avec la Chine : les échanges avec la Chine, et l’Asie en général, ont progressivement réduit la part de l’UE et des États-Unis dans le commerce africain. Cette évolution ouvre de nouvelles perspectives pour le continent à la fois comme marché de consommation et comme région manufacturière, comme le montre par exemple, la croissance des secteurs textile et du vêtement en Éthiopie.

Les ports africains représentent 4 % du volume du trafic mondial portuaire de marchandises conteneurisées, dont une grande partie est constituée d’importations de produits manufacturés. Le transport maritime et les ports africains ne sont pas toujours conformes aux tendances et aux normes mondiales. Hormis quatre terminaux à conteneurs situés au Maroc, en Égypte et en Afrique du Sud, aucun port africain ne figure sur la liste 2016 des 100 premiers ports à conteneurs du monde.

Tendances de l’offre et de la demande

En diversifiant ses activités économiques et en s’intégrant davantage dans les chaînes de valeur régionales et mondiales, l’Afrique peut accroître le volume du commerce conteneurisé et du trafic portuaire et devenir exportatrice de marchandises conteneurisées. Toutefois, pour y parvenir, les initiatives de politique commerciale et d’intégration régionale telles que l’accord portant création d’une zone de libre-échange continentale ne suffiront pas.

Les ports à conteneurs et les réseaux de transport de l’arrière-pays doivent appuyer ces efforts en modernisant leurs infrastructures et leurs services et en améliorant leurs performances pour correspondre aux normes internationales. Il faut donc, entre autres choses, augmenter la productivité ; la productivité moyenne des grues est d’environ 20 mouvements par grue et par heure en Afrique de l’Ouest, 25 à 30 en Afrique du Sud, et 35 à 40 en Asie.

En Afrique, la connectivité maritime, qui influence fortement les coûts de transport, est inférieure à la moyenne mondiale. La connectivité des pays africains est en grande partie dictée par la géographie du Continent. Les mieux connectés sont les pays situés aux extrémités du continent, où les routes maritimes internationales relient les ports d’éclatement, notamment au Maroc, en Égypte et en Afrique du Sud. Viennent ensuite les centres de chargement sous-régionaux, en particulier Djibouti, le Togo et Maurice (voir graphique). Les investissements publics et privés, les réformes portuaires et un meilleur transport de transit les reliant aux pays voisins aux sans littoral, ont permis à ces pays d’émerger comme leaders en matière de liaisons du transport maritime conteneurisé en Afrique.

Grande importatrice et utilisatrice de services de transport maritime, l’Afrique cherche depuis des années à accroître sa part de marché dans ce secteur. Cet objectif n’a toutefois pas encore été atteint, car le continent ne détient qu’une faible partie de la flotte mondiale, et aucun pays africain ne figure parmi les 35 nations qui possédaient les flottes les plus importantes en 2017. Cette situation est également évidente si l’on considère les navires battants pavillon national. Seul le Libéria apparaît sur la liste des principaux États du pavillon, au troisième rang mondial après le Panama et les Îles Marshall.

La structure de l’offre et de la demande de transport maritime en Afrique souligne le potentiel qu’ont les pays africains d’être à la fois utilisateurs et fournisseurs de services dans ce secteur. Ils peuvent réaliser ce potentiel en tirant parti des perspectives de croissance et en exploitant leurs avantages comparatifs comme une main-d’œuvre abondante à faible coût et de longues côtes sur lesquelles accueillir les entreprises du secteur maritime.

La voie à suivre

Maintes difficultés empêchent le continent de prendre pleinement sa place dans l’économie mondiale, mais plusieurs facteurs donnent à penser que l’Afrique est un géant en sommeil. Parmi ces facteurs, on peut citer la croissance économique robuste, le dividende démographique, les ressources naturelles, les investissements croissants et les engagements financiers liés aux infrastructures de transport, notamment de la part de la Chine.

La CNUCED appuie l’Afrique dans ces efforts à travers plusieurs programmes phares, notamment les programmes d’assistance technique dans les domaines de la gestion portuaire, de la facilitation du commerce et du transport durable de marchandises, et à travers une collaboration étroite avec l’Union africaine en faveur de la réalisation de la zone de libre-échange continentale. La CNUCED soutient aussi activement les réformes douanières à travers le programme SYDONIA, qui est mis en œuvre dans la plupart des pays africains.

Pour aider l’Afrique à réaliser son potentiel, il faut adopter un train de mesures exigeant de la part d’acteurs nationaux, régionaux et internationaux des interventions ciblées qui soient alignées sur les objectifs du développement durable et qui intègrent les trois dimensions du développement durable appliquées à la facilitation des transports et du commerce. Il s’agit notamment de :
• Préparer les ports africains à accueillir de plus grands navires en engageant des travaux de dragage pour accroître leur tirant d’eau et en veillant à ce qu’ils soient équipés des matériels de manutention appropriés ;
• Améliorer l’accès à l’arrière-pays et aux pays sans littoral en faisant appel à une approche multimodale du transport et aux corridors de transport, et construire des infrastructures de transport terrestre ;
• Faire usage des technologies et des solutions numériques pour faciliter le transport et le commerce, réduire les inefficacités, améliorer les processus et accroître la transparence, et pour promouvoir la sécurité et la résilience des systèmes de transport ;
• Améliorer la connectivité des transports maritimes ou terrestres afin de réduire les coûts de transport et d’améliorer la position des pays africains dans les réseaux maritimes mondiaux. Parallèlement, il faut aussi mettre en place des infrastructures immatérielles à l’appui du transport en transit et de la facilitation du commerce en harmonisant la réglementation des transports, y compris le transport routier et le transport ferroviaire ;
• Encourager la contribution des pays africains au commerce maritime en encourageant les pôles d’activités maritimes, où le transport maritime et les activités portuaires peuvent stimuler les secteurs de services apparentés, notamment dans le contexte de l’économie bleue.


Graphique 1- Six premiers pays africains selon l’indice de connectivité des transports maritimes réguliers, 2004-2018

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Source : Base de données de la CNUCED sur l’indice de connectivité des transports maritimes réguliers : https://unctadstat.unctad.org/datacentre/dataviewer/US.LSCI.

Graphique 2 – Trafic portuaire conteneurisé mondial, 2017

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Source : CNUCED −Étude sur les transports maritimes, 2018.

Graphique 3 - Trafic maritime mondial par région, 2017
(En pourcentage du tonnage mondial)
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Source : CNUCED −Étude sur les transports maritimes, 2018.