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Le Secrétaire général de la CNUCED propose quatre « lignes d’action » pour mettre fin à la pauvreté et atteindre les nouveaux objectifs de développement


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2015/028
Le Secrétaire général de la CNUCED propose quatre « lignes d’action » pour mettre fin à la pauvreté et atteindre les nouveaux objectifs de développement
Mukhisa Kituyi présente son rapport destiné à la première conférence ministérielle des Nations Unies de l’après-2015 (CNUCED XIV), qui aura lieu du 14 au 18 mars 2016 à Lima

Geneva, Suisse, 14 septembre 2015

​Alors que les dirigeants des pays du monde s’apprêtent à adopter 17 ambitieux objectifs de développement durable, le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, présente aux États membres des Nations Unies, à Genève, son rapport pour la quatorzième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIV), qui se tiendra du 14 au 18 mars 2016 à Lima (Pérou). 
 
Ce sera « la première conférence ministérielle des Nations Unies de l’après-2015 ». Elle « constituera un point de départ pour transformer les ambitions et les engagements renforcés de la communauté internationale en plans d’action concrets », a déclaré M. Kituyi.
 
Intitulé « Des décisions aux actions », ce rapport s’appuie sur les leçons tirées des avancées impressionnantes du développement qui ont été réalisées au cours des dernières décennies. Il propose un plan d’action détaillé, destiné à répondre aux aspirations qui ne se sont pas encore concrétisées, afin de parvenir à une prospérité durable pour tous dans les 15 prochaines années, durant lesquelles les nouveaux objectifs de développement durable devront être mis en œuvre.
 
« Les 25 dernières années ont créé l’environnement requis pour donner l’impulsion finale qui fera disparaître l’extrême pauvreté en une génération,  a affirmé M. Kituyi. Elles nous ont appris que nous pouvons repousser les frontières du possible. »
 
De fait, en 20 ans, un milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté, la proportion de celles vivant dans la misère a été réduite de moitié, des centaines de millions d’individus ont rejoint la classe moyenne et un certain nombre de pays en développement sont devenus d’importants moteurs de la croissance, non seulement pour leur propre région, mais aussi pour l’économie mondiale dans son ensemble.
 
Néanmoins, malgré « les progrès considérables qui ont été accomplis, la pauvreté et les inégalités, à la fois entre les pays et à l’intérieur d’un pays, demeurent omniprésentes ». C’est pourquoi, explique M. Kituyi, le nouveau consensus mondial sur les objectifs de développement durable « place la barre plus haut et appelle des actions et des efforts sans précédent ».

Les objectifs de développement durable imposeront de mobiliser des moyens à une échelle sans précédent. « À eux seuls, les pays en développement devront investir annuellement entre 3 300 et 4 500 milliards de dollars dans l’infrastructure de base, la sécurité alimentaire, l’adaptation et l’atténuation des effets du changement climatique, la santé et l’éducation. Or, « en valeur réelle, il manque actuellement 2 500 milliards de dollars d’investissements par an ».
 
Cela suppose en outre de rendre davantage de comptes, de veiller à la cohérence des mesures et d’instaurer un environnement plus propice, à tous les niveaux, indique le rapport, qui met en avant un solide ensemble de « lignes d’action » à l’intention des pouvoirs publics. Ces lignes d’action devraient former la base du mandat de la CNUCED et permettre à cette institution d’assumer ses responsabilités pour appuyer et compléter les efforts de la communauté internationale.
 
Les « lignes d’action » détaillées dans le rapport comportent quatre grands axes :
1) Augmenter les capacités productives pour transformer les économies
2) Améliorer l’efficacité des États et l’efficience des marchés
3) Lutter contre les vulnérabilités, renforcer la résilience
4) Renforcer le multilatéralisme, trouver des solutions communes


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« DES DÉCISIONS AUX ACTIONS » : LE CONTEXTE
 
Un nombre croissant de pays en développement et en transition se sont intégrés à l’économie mondiale, ce qui a dynamisé le commerce international : ces échanges ont représenté 24,4 % du PIB mondial en 2014, contre seulement 9,4 % en 1970, et les exportations des pays en développement entrent pour la moitié dans le total mondial.
 
Les pays en développement sont non seulement les principaux destinataires des flux d’investissement direct étranger (IDE) – à l’échelle de la planète, ces flux ont totalisé 1 200 milliards de dollars l’année dernière –, mais également une source d’IDE de plus en plus importante : ils comptent pour plus d’un tiers des sorties d’IDE à l’échelle du globe. De fait, l’Asie est récemment devenue le plus gros investisseur au monde.

Entre 2003 et 2013, les exportations de services ont été multipliées par deux en Afrique, par près de trois en Amérique latine et elles ont plus que triplé en Asie. De 2000 à 2011, le taux d’utilisation d’Internet a enregistré une progression spectaculaire en Afrique (+2 500 %, contre +480 %, en moyenne, à l’échelle du globe) et celui de la téléphonie mobile a été multiplié par 12 dans les pays en développement (contre une hausse de 2,5 % dans les pays riches), où l’on dénombre aujourd’hui 91 abonnements pour 100 habitants.
 
Cependant, même si, conformément aux objectifs du millénaire pour le développement (2000-2015), la proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté a pu être réduite de moitié, en 2011, plus d’un milliard de personnes vivaient encore avec moins de 1,25 dollar par jour, et 10 % souffraient chroniquement de la faim.
 
Les actions destinées à remédier aux inégalités et aux écarts de prospérité se heurtent aux réalités du monde dans lequel nous vivons depuis la crise financière et économique de 2008. Le commerce progresse aujourd’hui moins rapidement que la production mondiale, la reprise de l’IDE mondial reste compromise et l’instabilité financière, ainsi que la volatilité  économique, met en péril les gains de prospérité déjà réalisés. La viabilité de la dette et la stabilité macroéconomique d’un grand nombre de pays en développement continuent de pâtir d’abondants flux de capitaux à caractère spéculatif. S’y ajoutent des événements climatiques extrêmes et les effets du changement climatique, ainsi que les menaces que les conflits et le terrorisme font peser sur la paix et la sécurité.
 
Il faut toutefois replacer en perspective l’ampleur du problème : en 1994, la Chine affichait un niveau d’extrême pauvreté comparable à celui des pays les moins avancés (PMA) aujourd’hui (46 %). Au cours des 15 années suivantes, le taux annuel de croissance de son PIB par habitant a atteint 9,4 %. Malgré cette croissance impressionnante, la Chine n’a pu ramener son taux d’extrême pauvreté qu’à 11,8 %. Par conséquent, s’ils veulent mettre un terme à l’extrême pauvreté, les PMA devront, sur les 15 prochaines années, afficher un taux de croissance supérieur à celui qu’a connu la Chine durant ses années d’expansion. 
 

« DES DÉCISIONS AUX ACTIONS » : QUATRE « LIGNES D’ACTION »

1) Augmenter les capacités productives pour transformer les économies :
– L’investissement, le commerce, la technologie et l’entrepreneuriat, accompagnés de mesures complémentaires et intégrés dans une stratégie industrielle plus vaste, doivent être utilisés davantage et mieux, et mis à la disposition de tous les pays d’une manière plus équitable. Il faut également élargir les assiettes fiscales, accroître la capacité de recouvrement de l’impôt, lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, et endiguer la fuite des capitaux ainsi que les flux financiers illicites. Il faut en outre diversifier la production en exploitant les interactions entre le commerce et l’investissement, miser sur la technologie et dynamiser le secteur privé.
 
2) Améliorer l’efficacité des États et l’efficience des marchés
– Les pouvoirs publics doivent faire preuve de compétence dans la fourniture des services de base, mais aussi de transparence et de réactivité. Cela passe, entre autres, par le renforcement de la concurrence et par l’amélioration de la protection des consommateurs, par l’extension des services d’infrastructure, par l’instauration d’un environnement d’affaires approprié et par des investissements dans les compétences et le leadership.
 
3) Lutter contre les vulnérabilités, renforcer la résilience
– Ce sont souvent les pauvres qui sont les plus exposés aux crises économiques, sociales et environnementales. C’est pourquoi il faut mieux gérer la financiarisation et ses conséquences macroéconomiques, notamment grâce à la gestion de la dette. En outre, les emplois « verts » et les industries « vertes » offrent des opportunités d’investissement et de modernisation de l’infrastructure. Et l’on peut accroître la résilience économique de manière à transformer les économies rurales et à autonomiser les femmes.
 
4) Renforcer le multilatéralisme, trouver des solutions communes
– Une action collective mondiale est plus que jamais une nécessité pour relever ces défis transfrontières. L’économie mondiale et les économies nationales peuvent être renforcées par des institutions, des réglementations, des réformes et des politiques plus inclusives et mieux coordonnées. Il faut constituer des partenariats mondiaux pour la coopération en matière de développement, améliorer l’efficacité du système commercial multilatéral, du système d’investissement et du système financier, et faire avancer l’agenda mondial au profit du numérique et de la technologie.

Le rapport: http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/unctad_xivd1_fr.pdf