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Le Territoire Palestinien Occupé : Les Raisons D’un Déficit De Ressources Imposé


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2017/004
Le Territoire Palestinien Occupé : Les Raisons D’un Déficit De Ressources Imposé

Geneva, Suisse, 4 mai 2017
Depuis 1967, l’occupation par Israël du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, a altéré l’économie palestinienne. D’après une nouvelle étude de la CNUCED, les mesures politiques, économiques, militaires et relatives à la sécurité qu’Israël a prises dans la région ont eu pour effet de créer un déficit de ressources colossal. Il en résulte que la production intérieure est beaucoup plus faible que la consommation et l’investissement intérieurs.

Selon l’étude intitulée Le Territoire palestinien occupé : un double déficit ou un déficit de ressources imposé ? (à paraître), ce déficit de ressources se traduit par trois déséquilibres macroéconomiques, à savoir : un déficit commercial, un déficit des finances publiques et un déficit d’investissement et d’épargne intérieurs.

Pendant la période 2010-2014, le déficit budgétaire moyen en pourcentage du produit intérieur brut s’est établi à 8 % dans le Territoire palestinien occupé tandis que le déficit commercial et le déficit d’investissement et d’épargne y étaient respectivement de 40 % et 33 %. Pourtant, la communauté des donateurs et les institutions internationales de financement et de développement ont accordé beaucoup plus d’attention au déficit budgétaire, qui est le moins important des trois.

Les auteurs de la nouvelle étude de la CNUCED font valoir que les déficits budgétaire et commercial, qui sont devenus des caractéristiques permanentes de l’économie palestinienne, sont le double symptôme d’un mal plus profond qui trouve son origine dans les dommages causés à la structure de l’économie par l’occupation.

D’après l’étude, l’occupation impose de nombreuses restrictions à la capacité des entreprises palestiniennes de réaliser des investissements viables à forte intensité de main d’œuvre dans les secteurs manufacturier et agricole de l’économie palestinienne. Ces restrictions donnent lieu à un déficit de ressources qui entretient la dépendance à l’égard de l’aide et oblige les ouvriers palestiniens à rechercher un emploi en Israël.

Nombre de rapports et d’études de chercheurs ont déjà été consacrés à ce sujet, mais, souvent, le déficit budgétaire y a été considéré comme le principal problème auquel se heurte l’économie palestinienne. Ce type d’approche repose essentiellement sur l’hypothèse du « double déficit », selon laquelle le déficit budgétaire entraîne généralement un déficit (des comptes courants) commercial.

Ce qui est nouveau dans cette étude de la CNUCED, c’est que l’hypothèse du double déficit y est remise en cause dans le cas de l’économie palestinienne et qu’il y est démontré qu’à aucun moment pendant la période 1968-2014, le déficit commercial palestinien n’a été influencé ou causé par l’évolution du déficit budgétaire.

Les auteurs de l’étude en concluent que les mesures extrêmement restrictives imposées par l’occupation israélienne, le mauvais diagnostic des déséquilibres macroéconomiques et la poursuite de politiques qui visent principalement à réduire le déficit budgétaire ne peuvent que déboucher sur une hausse du chômage, sans forcément diminuer le déficit commercial du Territoire palestinien occupé.

C’est pourquoi est proposée une nouvelle approche visant à atténuer ce problème et une double stratégie de réforme et de croissance qui aidera à résorber le déficit de ressources en revitalisant les secteurs agricole et manufacturier. Cette revitalisation passe par la levée des obstacles au développement qui sont profondément enracinés et entravent l’ensemble des activités de production et des échanges commerciaux ainsi que par un coup d’arrêt à la fuite des ressources fiscales vers Israël.

Il est également suggéré de rebâtir les secteurs productifs palestiniens ainsi que les infrastructures institutionnelles et matérielles dans des domaines clefs comme la terre, l’eau, le capital humain, les cadres juridiques ainsi que le commerce des intrants et produits agricoles.

Pour mener à bien la transformation du secteur manufacturier, la CNUCED préconise d’adopter une stratégie en plusieurs temps dans le cadre de laquelle une phase initiale d’industrialisation fondée sur le remplacement des importations pourrait être suivie d’une politique de promotion des exportations.

Pour créer des capacités d’apprentissage indépendantes, les auteurs de l’étude proposent une stratégie nationale de développement technologique. La création de capacités scientifiques intérieures permettra de mieux comprendre, traiter, adopter et adapter les technologies importées et le savoir technologique.

L’étude insiste sur le fait qu’en raison de l’occupation, il est extrêmement difficile pour l’économie et les décideurs palestiniens de résorber le déficit de ressources. Par conséquent, la communauté internationale devrait assumer ses responsabilités et ses obligations à l’égard du peuple palestinien en accordant une aide financière suffisante et en soutenant les efforts que font les décideurs palestiniens pour élargir une marge d’action économique que l’occupation a restreinte.

L’Autorité nationale palestinienne devrait aussi employer au mieux les ressources et la marge d’action dont elle dispose afin de poursuivre des objectifs nationaux de développement et de bâtir une économie dynamique pour soutenir le futur État palestinien souverain, indépendant et d’un seul tenant, conformément à de nombreuses résolutions de l’Organisation des Nations Unies.