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Les pays les moins avancés ont d'autant plus de difficultés à créer des emplois qu'ils sont confrontés à un ralentissement de leur croissance économique


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2013/045
Les pays les moins avancés ont d'autant plus de difficultés à créer des emplois qu'ils sont confrontés à un ralentissement de leur croissance économique
La baisse des exportations et des prix des produits de base commence à poser des difficultés aux pays les plus pauvres, prévient le dernier rapport de la CNUCED

Geneva, Suisse, 20 novembre 2013

Dans les pays les moins avancés (PMA), la croissance économique devrait être de 5 à 6 % par an à moyen terme. Ce taux de croissance, quoique fort par rapport à ceux enregistrés dans les pays industrialisés, reste en dessous de l’objectif de 7 % jugé nécessaire pour permettre aux pays pauvres de réduire sensiblement la pauvreté, indique la CNUCED dans Le Rapport 2013 sur les pays les moins avancés1, sous-titré Une croissance créatrice d’emplois pour un développement équitable et durable, et rendu public aujourd’hui.

L’un des problèmes que pose le ralentissement de la croissance économique par rapport à une moyenne de presque 8 % enregistrée au cours des années «d’expansion» de 2002 à 2008 est celui de savoir comment les 49 pays les plus pauvres du monde parviendront à créer assez d’emplois pour les 16 millions de personnes qui arrivent chaque année à l’âge de travailler (voir le communiqué de presse UNCTAD/PRESS/PR/2013/44).

Le recul de la demande d’exportations et la baisse des prix des matières premières industrielles et des denrées agricoles de base, dont beaucoup de PMA dépendent pour leurs exportations, constituent les principales raisons de s’inquiéter de l’avenir, préviennent les économistes de la CNUCED.

Alors que la croissance des exportations des PMA avait été d’environ 25 % en 2010 et en 2011, elle n’a été que de 0,6 % en 2012. Ce ralentissement du commerce international révèle la vulnérabilité des pays en développement, et en particulier des PMA qui ont centré leur stratégie de développement sur  les exportations, à un moment où la croissance est faible dans les pays développés. De ce fait, le déficit courant des PMA, en tant que groupe, s’est sensiblement creusé, passant de 10,5 milliards de dollars É.-U. en 2011 à 28,8 milliards en 2012 et un déficit d’une ampleur analogue est prévu en 2013.

Le récent ralentissement du commerce mondial aura d’autres incidences négatives sur les perspectives des PMA. Bien que la demande d’importations dans les pays développés ait été faible, les PMA ont évité un brutal ralentissement de leur croissance en s’appuyant davantage sur la demande intérieure et sur le commerce Sud-Sud − c’est-à-dire le commerce avec d’autres pays en développement. Les deux restent nécessaires. Cependant, face au fléchissement de la croissance économique dans les grands pays émergents ces derniers mois, les PMA pourraient avoir des difficultés à maintenir ou accroître leurs exportations vers ces pays prévient la CNUCED.

Les PMA ont aussi dû faire face à un accroissement de l’instabilité des prix des produits de base et des flux de capitaux. Les prix internationaux de nombreux produits de base ont fléchi par rapport à leurs niveaux records de 2011, au détriment des PMA fortement tributaires de ces produits. Ainsi, les prix internationaux du sucre, des fèves de cacao et du thé avaient, par rapport à leurs niveaux records de 2011, reculé de plus d’un quart à la mi-2013. Quant aux prix du coton et du café arabica, ils ont diminué de près de moitié.

D’après les projections du Fonds monétaire international, à long terme, les prix du pétrole et des produits primaires hors combustibles devraient continuer de diminuer. De plus, les perspectives à court terme sont extrêmement incertaines, en raison non seulement de possibles désorganisations de la production (par exemple dans les secteurs énergétique et alimentaire), mais aussi des incertitudes de la demande.

Les sources de financement extérieur des PMA se sont aussi avérées moins prévisibles et moins disponibles que dans la période allant jusqu’à fin 2010. L’aide publique au développement (APD) en faveur des PMA, en particulier, a diminué en 2011 et en 2012. C’est la première fois depuis 1997 que l’APD versée aux pays en développement diminue deux années de suite.

L'éventualité d’un durcissement des politiques monétaires dans les pays développés en 2014 et 2015 modifiera la rentabilité des investissements entre pays développés et pays en développement. La baisse récente des taux d’intérêt en Europe et en Amérique du Nord a incité les investisseurs à placer leurs fonds dans les PMA, où les taux sont plus élevés. Mais la hausse escomptée des taux dans les pays développés rendra ceux-ci plus compétitifs dans les années à venir et réduire l'attractivité de l’investissement à court terme dans les pays en développement; cela pourrait provoquer un retrait de capitaux à court terme de ces pays, qui auraient plus de mal à financer leurs déficits courants. Les PMA ayant d’importants déficits courants devraient commencer à se préparer à ces situations futures, indique la CNUCED.

Du fait de conditions extérieures moins favorables, la croissance économique dans les PMA a diminué de plus de 2 points de pourcentage au cours des cinq dernières années (2009-2013), par rapport à la période faste de 2002 à 2008. Elle a également été inférieure à l’objectif de 7 % de croissance annuelle fixé dans le Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020. Cet objectif illustre la nécessité pour les PMA de «rattraper» les autres pays et de devenir des pays à revenu intermédiaire. L’objectif de 7 % tient également compte de l’accroissement démographique dans ces pays, qui s’établit en moyenne à 2,3 % par an. L’accroissement démographique impose des taux plus élevés de croissance économique pour créer de nouveaux emplois et améliorer le niveau de vie.

Le Rapport sur les pays les moins avancés montre que la croissance de l’emploi dans les PMA n’a pas suivi l’expansion rapide de leur PIB dans les années 2000 (voir le communiqué de presse UNCTAD/PRESS/PR/2013/44). Des périodes de croissance relativement rapide du PIB, lors de la dernière décennie, n’ont pas permis de fournir des emplois aux nouveaux venus sur le marché du travail, ni de résorber le chômage déclaré et «non déclaré» qui prévaut dans la plupart de ces pays. Les économistes de la CNUCED se demandent ce qui va se passer en matière de création d’emplois maintenant que la croissance économique se ralentit.
Compte tenu de la situation particulière des PMA − économie structurellement faible avec des taux élevés de pauvreté, urbanisation galopante, accroissement démographique rapide − il est impératif pour ces pays de créer suffisamment d’emplois pour réduire la pauvreté et éviter des tensions sociales et politiques. Pour simplement absorber les nouveaux venus sur le marché du travail, il faudrait créer chaque année quelque 16 millions d'emplois.

Ce sont là autant de raisons impérieuses, pour les PMA, de mettre l’accent sur la création d’emplois en tant qu’objectif de développement fondamental (voir le communiqué presse UNCTAD/PRESS/PR/2013/46). Les PMA sont de plus en plus conscients de l’urgence de la question et de la nécessité de l’inscrire dans leur programme de développement pour l’après-2015. Le Rapport souligne que les PMA ne sont pas tous pourvus d’abondantes ressources en minéraux et autres ressources naturelles. Pour beaucoup, une population jeune et en expansion est leur principale richesse. Fournir à cette population des emplois productifs permettrait d’assurer une croissance équitable et durable et de réduire la pauvreté, selon le Rapport de la CNUCED.


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Rapport complet: http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/ldc2013_en.pdf (seulement en anglais)

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