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Selon un rapport de la CNUCED, l’économie palestinienne serait au moins deux fois plus florissante Sans l’occupation israélienne


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2016/018
Selon un rapport de la CNUCED, l’économie palestinienne serait au moins deux fois plus florissante Sans l’occupation israélienne

Geneva, Suisse, 6 septembre 2016

Dans son rapport annuel sur l’assistance au peuple palestinien, la CNUCED indique que le produit intérieur brut (PIB) actuel du Territoire palestinien occupé pourrait facilement être multiplié par deux, et que le chômage et la pauvreté pourraient reculer de manière significative sans l’occupation israélienne.

S’appuyant sur un certain nombre d’études, le rapport met en lumière les principaux facteurs qui font que l’occupation prive le peuple palestinien de son droit au développement et asphyxie son économie. Parmi ces facteurs, on retrouve la confiscation des terres, de l’eau et d’autres ressources naturelles de la Palestine ; l’effritement de sa marge de manœuvre décisionnelle ; les restrictions à la libre circulation des personnes et des marchandises ; la destruction des biens et du capital productif ; l’expansion des colonies juives ; le morcellement du marché intérieur ; l’isolement des marchés internationaux ; et la dépendance forcée à l’égard de l’économie israélienne.

En outre, la disparition progressive des activités agricoles et industrielles a altéré la structure de l’économie palestinienne. Ainsi, de 1975 à 2014, la part du secteur des biens marchands (agriculture et industrie) dans le PIB a chuté de moitié, passant de 37 % à 18 %, tandis que sa contribution à l’emploi est tombée de 47 % à 23 %.

Les producteurs palestiniens n’ont pas accès à la zone C, qui représente plus de 60 % du territoire de la Cisjordanie et plus de 66 % de ses terres de pâturage. On estime que les coûts de l’occupation de la zone C représentent 35 % du PIB de la Palestine (4,4 milliards de dollars en 2015). À Gaza, les producteurs se voient refuser l’accès à la moitié des terres cultivables et à 85 % des ressources halieutiques, tandis que le coût des dommages directs occasionnés par trois opérations militaires israéliennes, entre 2008 et 2014, est estimé à au moins trois fois le PIB annuel de Gaza.

Au cours du seul mois de janvier 2015, 5 600 arbres productifs ont été vandalisés, s’ajoutant aux plus de 2,5 millions d’arbres productifs (y compris 800 000 oliviers) déracinés depuis 1967. En outre, les Palestiniens n’ont pas le droit de maintenir ni de creuser des puits, alors qu’Israël prélève une quantité d’eau qui dépasse largement le niveau prévu par les Accords d’Oslo de 1995 tout en confisquant 82 % des eaux souterraines palestiniennes. Les Palestiniens n’ont d’autre choix que d’importer leur propre eau d’Israël pour couvrir 50 % de leur consommation.

Comme l’a reconnu l’Organisation des Nations Unies dans les résolutions 69/20 (par. 9) et 70/12 (par. 9) de l’Assemblée générale, le rapport propose la création d’un cadre systématique, rigoureux et complet pour évaluer les coûts économiques permanents de l’occupation. Le rapport conclut qu’il est indispensable d’examiner ces coûts et les autres obstacles au commerce et au développement pour mettre l’économie palestinienne sur la voie du développement durable, parvenir à un règlement juste du conflit israélo-palestinien et instaurer une paix durable au Moyen-Orient.

Les souffrances humaines augmentent à mesure que les activités de reconstruction à Gaza s’enlisent

La lenteur de la reconstruction depuis l’opération militaire israélienne menée à Gaza en 2014 accentue les ravages que l’occupation prolongée du territoire palestinien par Israël provoque pour le commerce et le développement. Après le déclin économique enregistré en 2014, résultant principalement de cette opération militaire, l’économie du Territoire palestinien occupé a connu une croissance de 3,5 % en 2015. Cette embellie n’a toutefois pas suffi à relever un revenu par habitant stagnant, qui reste inférieur à celui de 2013. Le rapport attribue également la faiblesse de l’économie à une baisse de l’aide extérieure et au fait qu’Israël a retenu les recettes fiscales dues à l’Autorité palestinienne pendant les quatre premiers mois de 2015.

En Cisjordanie, plus de maisons palestiniennes ont été démolies au cours des trois premiers mois de 2016 que durant toute l’année 2015, la tendance persistante à annexer les terres palestiniennes s’étant accentuée. On compte désormais 142 colonies en Cisjordanie, les colons israéliens constituant maintenant plus d’un cinquième de la population palestinienne. Cette expansion assombrit les perspectives de la solution des deux États.

Bien que les importations palestiniennes ne représentent que 6 % des importations totales traitées par le Département israélien chargé des droits de douane et de la taxe sur la valeur ajoutée, les droits perçus par Israël à cet égard correspondent à un tiers du budget de ce département. Si les droits perçus étaient proportionnels à la part des importations palestiniennes, l’Autorité nationale palestinienne verserait environ 50 millions de dollars de moins à Israël et réduirait le déficit budgétaire de 3,5 %. Entre-temps, le Territoire palestinien occupé continue d’être un marché captif pour les exportations israéliennes du fait des restrictions qui s’appliquent aux activités commerciales et productives des Palestiniens ; en conséquence, les échanges avec Israël représentent 54 % du déficit commercial palestinien.

« Le commerce est la pierre angulaire du développement économique, et une reprise soutenue de la croissance passe par des échanges plus nombreux et de meilleure qualité », a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi.

Le rapport fait valoir que l’occupation favorise en permanence le chômage, la pauvreté et l’insécurité alimentaire. En 2015, 25 % des habitants du Territoire palestinien occupé étaient sans emploi et 66 % étaient touchés par l’insécurité alimentaire. À Gaza, le taux de chômage a atteint 38 % en 2015, et 73 % de la population a besoin d’une aide humanitaire.

Au cours de l’année écoulée, Israël a renforcé son blocus de Gaza et ajouté des éléments à la liste des articles « à double usage » interdits − une liste des biens civils que les Palestiniens ne sont pas autorisés à importer parce qu’Israël estime qu’ils pourraient être utilisés à des fins préjudiciables. La liste comprend les matières premières, les engrais agricoles, le matériel de télécommunications, l’acier, les tuyaux, les pièces de rechange et d’autres biens d’équipement. Le bois d’une épaisseur supérieure à un centimètre est désormais classé dans les articles à double usage. Le blocus a détruit l’industrie du meuble à Gaza, autrefois très dynamique. Il restreint également la libre circulation des personnes, y compris de celles qui ont besoin de traitements médicaux essentiels.

Le blocus et les attaques contre la centrale électrique de Gaza en 2014 ont encore aggravé la crise de l’électricité à Gaza, entraînant de lourdes conséquences à tous les niveaux de la vie publique et privée. Le rapport met en lumière certaines de ces conséquences : 

  • Jusqu’à 90 millions de litres d’eaux usées partiellement traitées sont déversés chaque jour dans la Méditerranée ;
  • Le temps d’attente pour certaines interventions chirurgicales peut atteindre dix-huit mois ;
  • Les équipements médicaux sensibles et vitaux sont souvent en panne ; 
  • Plus de 70 % des ménages ne sont alimentés en eau courante que pendant six à huit heures tous les deux à quatre jours.

 

Le rapport indique que le taux de mortalité infantile dans la bande de Gaza a augmenté pour la première fois en cinquante ans, passant de 12 à 20,3 pour 1 000 naissances vivantes entre 2008 et 2013. Cette tendance sans précédent est rarement observée en dehors des communautés touchées par une épidémie de VIH.

« Le bouclage de Gaza asphyxie sa population, paralyse son économie et entrave les efforts de reconstruction », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, en juin 2016. Il a qualifié le bouclage de « châtiment collectif » dont les auteurs seront appelés à rendre compte.

Note aux rédacteurs :

  • Conformément aux résolutions et aux décisions prises à ce sujet par l’Assemblée générale des Nations Unies et le Conseil de sécurité de l’ONU, les références dans le présent rapport au Territoire palestinien occupé désignent la bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.
  • L’an dernier, la CNUCED a fourni une assistance technique au peuple palestinien, contribuant à renforcer les capacités économiques et institutionnelles d’un futur État palestinien souverain. Elle a mené à bien un projet de 2,1 millions de dollars visant à renforcer les capacités aux fins de la facilitation du commerce dans le secteur privé palestinien, contribué à mieux faire connaître les meilleures pratiques en la matière aux exportateurs et aux importateurs et dispensé une formation spécialisée au secteur privé et aux décideurs. La CNUCED a également fourni des services consultatifs au Bureau central palestinien de statistique et à l’Agence palestinienne de coopération internationale et donné une formation à des professionnels palestiniens sur les principaux domaines de la politique économique, comme les mesures non tarifaires, ainsi que sur l’égalité des sexes et la facilitation du commerce.
  • En 1985, il a été spécifiquement demandé au Groupe de l’assistance au peuple palestinien de la CNUCED de suivre et d’étudier les conséquences sur le plan économique et social des politiques des autorités d’occupation israéliennes dans le Territoire palestinien. Les travaux novateurs du secrétariat sur l’économie palestinienne, entrepris en 1979 à la demande des États membres, ont mené à la création de ce groupe. La CNUCED est ainsi devenue la première organisation internationale à examiner de manière systématique les multiples problèmes de développement affectant l’économie palestinienne.
  • La CNUCED aide les pays en développement à intégrer l’économie mondiale en menant des travaux de recherche et d’analyse, en assurant la formation de consensus et en fournissant une assistance technique.
  • Pour une interview ou de plus amples renseignements, prière de communiquer avec Matthew Brown ou Catherine Huissoud, au numéro +41 22 917 58 28 ou à l’adresse unctadpress@unctad.org.