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Investir en faveur des femmes c’est accélérer le développement pour tous : Cheffe de la CNUCED

07 mars 2024

À l'approche de la Journée internationale de la femme, la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, explique comment l'investissement en faveur des femmes permet de bâtir des économies et des sociétés plus résilientes et plus durables.

Women in Fiji sell crafts to tourists
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© Shutterstock/Photos BrianScantlebury | Femmes fabriquant et vendant de l'artisanat aux touristes à Fidji.


  • Les crises récentes de par le monde ont réduit les opportunités offertes aux femmes.

  • Si le statu quo persiste, il faudra plus de 130 ans pour combler le fossé entre les hommes et les femmes.

  • Par contre, iInvestir en faveur des femmes permettra de créer des millions d'emplois et de stimuler le PIB mondial.


À l'occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, appelle à des efforts plus audacieux pour investir dans l'égalité des chances pour les femmes et les jeunes filles du monde entier.

Celles-ci ont souvent moins accès à l'éducation et aux soins de santé, sont moins bien payées que les hommes et sont plus susceptibles de quitter leur travail pour s'occuper de leur famille.

Encore plus inquiétant, selon Mme Grynspan, les crises récentes ont réduit à néant des gains durement acquis.

On prévoit désormais qu'il faudra près de 132 ans pour combler l'écart entre les hommes et les femmes au niveau mondial, soit environ 30 ans de plus que ce qui était prévu en 2019. Selon les Nations unies, accélérer le rythme pour parvenir à l'égalité des sexes d'ici 2030 nécessiterait 360 milliards de dollars annuels supplémentaires.

S'exprimant lors d'un épisode spécial de l'émission Weekly Tradecast de la CNUCED, Mme Grynspan a souligné le rôle essentiel que joue l'investissement en faveur des femmes non seulement dans la réalisation de l'égalité entre les sexes, mais aussi dans la construction d'économies et de sociétés plus fortes, plus résilientes et plus durables pour tout le monde.

Selon les Nations unies, par exemple, combler les écarts entre les hommes et les femmes en matière d'emploi pourrait accroître le PIB par habitant de 20 %. Parallèlement, la réduction des écarts en matière de soins et le développement de services offrant des emplois décents pourraient créer près de 300 millions d'emplois d'ici à 2035.

« Concevoir » et non pas seulement utiliser les nouvelles technologies

Mme Grynspan a souligné l'importance d'un soutien accru aux femmes et aux jeunes filles dans le domaine des sciences et des technologies.

La révolution numérique a offert aux femmes du monde entier des opportunités uniques de progresser. Mais, selon elle, les femmes ne doivent pas se contenter d'utiliser les nouvelles technologies, elles doivent aussi les concevoir. Sinon, le monde du futur pourrait être conçu de manière sexiste.

Dans des domaines de pointe tels que l'intelligence artificielle, seul un professionnel sur cinq est une femme.

Les algorithmes d'IA, formés à partir de données imprégnées de préjugés sociétaux, risquent de perpétuer et d'amplifier ces préjugés, en les intégrant profondément dans le code des nouveaux produits et services.

Par exemple, les logiciels de traduction ont tendance à donner un genre aux professions lorsqu'une langue a des noms masculins et féminins, traduisant "the doctor" de l'anglais par "le docteur" (masculin) en français, et "the nurse" par "l'infirmière" (féminin).

Agents du changement

Dans l'interview, le chef de la CNUCED remet en question l'idée selon laquelle les femmes constituent un "groupe vulnérable".

« Nous sommes des agents du changement, des agents du bien, des agents du développement des communautés, de l'économie et de la société » déclare-t-elle. « Les femmes sont vulnérables parce que leurs droits ont été affaiblis ».

Mme Grynspan affirme garder espoir en voyant les femmes persévérer à travers le monde.

« Je vois partout des jeunes femmes qui gravissent les échelons de la politique et de la société, qui se battent pour leurs droits et qui font la différence », dit-elle. « Malgré ce moment très difficile pour le monde, je suis optimiste et je crois aux nouvelles générations ».