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Le ministre colombien des finances, M. Ocampo, propose des réponses à la crise économique mondiale

23 janvier 2023

Conférencier de la 18e édition de la conférence Raúl Prebisch de la CNUCED, il a appelé à ce que les pays en développement soient au cœur des solutions à la crise.

José Antonio Ocampo, Minister of Finance and Public Credit of Colombia, and Rebeca Grynspan, Secretary-General of UNCTAD
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© UNCTAD | José Antonio Ocampo (à gauche), Ministre des Finances et du Crédit Public de la Colombie, et Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la CNUCED, lors de la 18e Conférence Raúl Prebisch au Palais des Nations à Genève.

Le ministre colombien des finances et du crédit public, José Antonio Ocampo, a appelé à des actions politiques urgentes pour s'attaquer aux aspects économiques des crises en cascade qui frappent actuellement le monde.

M. Ocampo a donné le 23 janvier la 18e édition de la prestigieuse conférence Raúl Prebisch, une série de conférences organisées par la CNUCED et portant le nom du premier secrétaire général de l'organisation.

 

 

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Il a souligné la nécessité de renforcer la coopération fiscale internationale, en améliorant l'accord de 2021 du Cadre inclusif de l'Organisation de coopération et de développement économiques dans ses deux dimensions : la limitation de la concurrence fiscale et l'imposition équitable des firmes multinationales.

« À cela, il faut ajouter la lutte contre l'évasion fiscale », a-t-il déclaré.

M. Ocampo a également souligné la nécessité d'un « financement anticyclique des économies en développement et émergentes, sans oublier le rôle central joué par les banques multinationales de développement. »

Il a déclaré qu'un nombre croissant d'économies à revenu intermédiaire sont confrontées à de graves problèmes d'endettement qui peuvent être résolus par un soutien supplémentaire de ces banques, qui devraient être suffisamment capitalisées.

« À cela s'ajoute la nécessité d'une aide publique au développement active et de fonds adéquats pour financer l'atténuation et l'adaptation au changement climatique », a déclaré M. Ocampo.

M. Ocampo a également appelé à la renégociation par les cadres institutionnels permanents des dettes du secteur public et à la création d’un nouveau mécanisme ad hoc pour gérer les crises de la dette actuelles.

Dimensions et effets de la crise actuelle

« La crise actuelle a de nombreuses dimensions, soulignées par le concept de « polycrise », qui est devenu un terme à la mode », a déclaré M. Ocampo.

Il s’est concentré sur les dimensions économiques de la crise, mais a noté que beaucoup sont associées aux tensions géopolitiques, notamment en raison de la guerre en Ukraine et des tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine.

M. Ocampo a mis en exergue les sept caractéristiques de la crise actuelle.

« Premièrement, les résidus de la crise du COVID-19, notamment en raison des grandes inégalités dans l’accès aux vaccins et des possibles effets de l’élimination des restrictions chinoises à la mobilité », a-t-il déclaré.

Deuxièmement, le mélange d’inflation et de taux d’intérêt, et les récessions possibles, « bien que ne s’agissant pas tout à fait de stagflation ».

Troisièmement, les crises alimentaires dans de nombreuses régions du monde en développement, largement dues aux effets de la guerre en Ukraine, mais aussi aux catastrophes naturelles liées au changement climatique. M. Ocampo a donné l’exemple des récentes inondations en Colombie.

Quatrièmement, la hausse mondiale des taux d’intérêt et des marges de risque qui ont généré une sortie de capitaux chez les économies émergentes en 2022.

Cinquièmement, les ratios d’endettement élevés causés par la crise du COVID-19 mais aussi par des taux d’intérêt élevés, qui ont généré des crises de la dette dans de nombreuses économies en développement et émergentes.

« Sixièmement, le revirement des politiques en matière de changement climatique également généré par la guerre en Ukraine, ainsi que l’insuffisance des efforts pour l’adoption de politiques nécessaires aux objectifs en matière de changement climatique atteints à Paris en 2015 », a ajouté M. Ocampo.

Septièmement, les changements ayant eu lieu dans le commerce mondial en raison du ralentissement du commerce international, des perturbations des chaînes de valeur générées par la crise du COVID-19 (délocalisation de proximité) mais aussi par de nouvelles vagues de protectionnisme, notamment entre les États-Unis et la Chine.

La mondialisation se transforme

M. Ocampo a noté que la mondialisation est en train de changer en raison d'événements économiques et géopolitiques, affirmant qu'elle devrait être plus favorable aux économies en développement et émergentes.

« La rupture du multilatéralisme est la principale contrainte à cet égard ».

Il a déclaré que les Nations Unies devraient être le centre d'un multilatéralisme revitalisé afin de gérer les tensions géopolitiques mais aussi les défis du développement durable bien saisis dans les objectifs de développement durable des Nations Unies.

M. Ocampo a également présenté une perspective historique des tendances, débats et stratégies en matière de commerce et de développement couvrant plusieurs décennies.

La conférence Raúl Prebisch

La prestigieuse conférence Raúl Prebisch est régulièrement donnée par un éminent penseur ou chef d'État. Organisée par la CNUCED, elle aborde le plus souvent des questions de commerce et de développement, mais aussi d'autres sujets mondiaux d'actualité.

Cette série de conférences a débuté en 1982, avec la conférence inaugurale donnée par son homonyme, le regretté Raúl Prebisch.

Connu principalement pour ses travaux en tant que spécialiste de l'économie internationale et du développement, sa plus grande contribution à l'économie est la thèse Prebisch-Singer.

Les conférences Raúl Prebisch offrent à des intellectuels de renom une plateforme pour aborder des questions mondiales cruciales. Parmi les orateurs précédents figurent la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, le professeur Jeffrey Sachs, le professeur Lawrence R. Klein, le Dr Joseph E. Stiglitz, le professeur Jagdish Bhagwati et Mme Shrimati Indira Gandhi.