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Il n’y aura pas de progrès économique durable au Népal sans création d’emplois


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2014/003
Il n’y aura pas de progrès économique durable au Népal sans création d’emplois
Au vu des tendances démographiques, il faudra créer 550 000 nouveaux emplois pour les jeunes chaque année

Geneva, Népal, 12 février 2014

Selon un nouveau rapport publié par la CNUCED, le nombre de jeunes en âge de travailler augmente actuellement de 550 000 par an au Népal, et progressera de 633 000 par an d’ici à 2020. La CNUCED recommande au Gouvernement népalais d’intensifier ses efforts en faveur de l’emploi des jeunes qui, pour l’heure, sont dans une large mesure sous-employés ou cantonnés dans des emplois vulnérables et peu rémunérés, afin d’améliorer ses perspectives de croissance économique.

Dans son Rapport 2013 sur les pays les moins avancés1, intitulé «Une croissance créatrice d’emplois pour un développement équitable et durable» et publié à la fin de l’année passée, la CNUCED enjoint les PMA de placer la création d’emplois au centre de leur politique de développement et les met en garde contre les migrations internationales ou l’instabilité sociale et politique qui, à défaut, pourraient prendre de l’ampleur.

Les PMA, dont le Népal fait partie, sont confrontés à un véritable casse-tête démographique. Leur population globale, dont environ 60 % est âgée de moins de 25 ans, devrait doubler d’ici à 2050 pour atteindre 1,7 milliard de personnes. Pour absorber ces nouveaux arrivants sur le marché du travail, les PMA devront créer autour de 95 millions d’emplois d’ici à la fin de la décennie, et encore 160 millions d’emplois dans les années 2020. D’ici à 2050, un jeune sur quatre dans le monde vivra dans un PMA. Dans son rapport, la CNUCED préconise de rompre avec les politiques traditionnelles pour privilégier des mesures en faveur d’une croissance équitable et de la création d’un plus grand nombre d’emplois de meilleure qualité.

Si les PMA ont enregistré une croissance relativement élevée de leur produit intérieur brut (PIB) de 2002 à 2008, ce progrès économique ne s’est pas traduit par la création d’emplois dans les mêmes proportions. De fait, les pays dont la croissance du PIB a été la plus forte ont plutôt créé moins d’emplois que les autres. Or, comme la CNUCED l’avance dans son rapport, une croissance économique qui ne crée pas suffisamment d’emplois décents n’est pas durable, mais la création d’emplois sans renforcement des capacités productives ne l’est pas non plus.

Dans son rapport, la CNUCED encourage le Népal et les 48 autres PMA à accroître leur PIB en prenant des mesures axées sur la création d’emplois, en particulier d’emplois assurant un salaire stable et suffisant pour vivre et exercés dans des conditions de sécurité, et sur l’investissement dans le renforcement des capacités de production de biens plus diversifiés, plus élaborés et à plus forte valeur ajoutée. Depuis quelques années, la CNUCED soutient que l’amélioration des capacités productives est la stratégie à long terme la plus efficace et la plus fiable pour aider pays et populations à sortir de la pauvreté.

Il ressort des chiffres clefs et des grandes tendances présentées dans le Rapport sur les pays les moins avancés que, entre 2000 et 2012, l’emploi a progressé de 2,7 % par an au Népal. C’est un peu plus que la population (+1,7 % en moyenne), mais bien moins que le PIB, qui a augmenté de 4 % en moyenne pendant la même période. Comme beaucoup d’autres PMA, le Népal a connu pendant plus d’une décennie ce que les économistes appellent une «croissance sans emploi».

La plupart des actifs népalais sont employés dans le secteur agricole. En 2013, l’agriculture assurait 71 % de l’emploi total, contre 75 % en 2000. La même année, la contribution du secteur industriel à l’emploi total est passée à 12 % et celle du secteur des services, à 17 %, progressant dans les deux cas de 2 % par rapport à 2000, ce qui montre que la transformation structurelle du Népal est relativement lente.

La croissance économique du Népal et des autres PMA n’a pas été équitable, et sa contribution à la réduction de la pauvreté a été limitée. En outre, elle n’a pas créé suffisamment d’emplois de «qualité» − mieux rémunérés et exercés dans de meilleures conditions − en particulier pour les jeunes. De plus, les travailleurs vulnérables (c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de contrat de travail formel et ne bénéficient ni de conditions de travail décentes, ni d’une protection sociale appropriée) comptent encore pour 80 % environ de la population active occupée dans les PMA.

Il est capital de créer des possibilités d’emploi car c’est le moyen le plus sûr et le plus digne de sortir de la pauvreté. Sur le front de l’emploi, le principal problème des PMA n’est pas le chômage, mais l’iniquité de la croissance et le nombre insuffisant d’emplois productifs pour aider les travailleurs pauvres. Ces paramètres compromettent sérieusement la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et les plans visant à conduire les PMA sur la voie d’un développement durable.

Enfin, non seulement la population des PMA est en pleine croissance, mais elle s’urbanise rapidement. Au Népal, la population urbaine augmente actuellement de 3,7 % chaque année, contre 1,2 % en moyenne pour l’ensemble de la population du pays. En raison de cette conjonction de facteurs, il est urgent de corriger la situation de l’emploi au Népal et dans les autres PMA d’ici à la fin de la décennie. Alors que les nouveaux arrivants n’ont jamais été aussi nombreux sur le marché du travail, une proportion croissante de cette main-d’œuvre est employée ou cherche un emploi en dehors du secteur agricole. Le processus de transformation structurelle dans lequel les PMA sont actuellement engagés présente le grave inconvénient de ne pas pouvoir fournir au surcroît d’actifs issus du secteur agricole des emplois productifs dans d’autres secteurs.