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Le numérique modifie radicalement le modèle mondial de l’investissement


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2017/010
Le numérique modifie radicalement le modèle mondial de l’investissement
Un rapport de la CNUCED établit le premier palmarès des 100 premières multinationales du numérique : 75 % d’entre elles viennent de trois pays

Geneva, Suisse, 7 juin 2017

Qu’est ce qui n’existait pas en 2007? Instagram, Uber et 30 des 100 premières entreprises multinationales du numérique, selon le World Investment Report 2017: Investment and the Digital Economy (« Rapport sur l’investissement dans le monde 2017: investissement et économie numérique»). Le secteur du numérique est en pleine croissance. Le nouveau rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) analyse les effets du numérique sur la structure mondiale de l’investissement et révèle le classement et le poids des 100 premières entreprises multinationales du numérique.

Les multinationales du numérique − plateformes en ligne, firmes de e-commerce, entreprises spécialisées en contenus numériques − connaissent un taux de croissance considérablement plus élevé que les autres multinationales.

Le World Investment Report 2017 dresse la  liste des 100 plus grandes multinationales du numérique qui témoigne de leur poids au niveau mondial et montre que certaines d’entre elles sont devenues des géants en l’espace de quelques années à peine.

Les multinationales du numérique réalisent environ 70 % de leurs ventes à l’étranger alors que 40 % seulement de leurs actifs sont situés hors de leur pays d’origine. Elles créent donc moins d’emplois directs dans les pays d’accueil que dans leur propre pays. Toutefois, leurs investissements peuvent améliorer la compétitivité et contribuer au développement numérique des pays d’accueil.

Le rapport dresse aussi la liste des 100 plus grandes multinationales, dont il ressort qu’entre 2010 et 2015, le nombre d’entreprises de technologie y figurant a plus que doublé. Les actifs de ces sociétés ont augmenté de 65 %, leur chiffre d’affaires et leurs effectifs d’environ 30 %, alors que les autres multinationales de ce palmarès ont marqué le pas.

La faible diversité régionale des entreprises du numérique entraîne une concentration de la structure mondiale de l’investissement. Plus de 60 des 100 premières multinationales du numérique sont originaires des États Unis d’Amérique, suivis du Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord et de l’Allemagne. Cette concentration est encore plus prononcée s’agissant des plateformes Internet : 10 des 11 principales multinationales du numérique figurant dans le palmarès sont originaires des États Unis d’Amérique.

La présence de grandes multinationales du numérique dans les pays en développement demeure marginale : seules quatre entreprises du palmarès ont leur siège social dans un pays en développement. En outre, seulement 13 % des filiales des 100 premières multinationales du numérique sont situées dans des pays en développement ou en transition, alors que cette proportion est d’environ 30 % pour l’ensemble des multinationales.

« L’économie numérique a des effets importants sur l’investissement, lequel est essentiel pour le développement numérique. », explique Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED, qui ajoute : « Les pays en développement ne doivent pas être laissés pour compte ; nous devons élaborer des politiques propices qui permettent de combler la fracture numérique mondiale en matière d’investissement. ».

La régulation de l’investissement et les politiques de promotion de l’investissement doivent aussi tenir compte des nouveaux modèles opérationnels transfrontaliers des multinationales. Beaucoup de secteurs sont touchés par la révolution numérique ; sur les 10 secteurs traditionnels les plus touchés, cinq font aussi partie des 10 premiers secteurs qui font l’objet de restrictions à l’investissement (voir fig.). Les multinationales du numérique se développent dans d’autres secteurs fortement réglementés, et les réglementations anciennes pourraient devenir obsolètes ou constituer un frein involontaire à l’adoption du numérique.

La CNUCED a passé en revue les stratégies de développement numérique de plus de 100 pays. Les résultats de cette analyse, présentés dans le World Investment Report 2017, indiquent que nombre de ces stratégies ne répondent pas correctement aux besoins d’investissement. Moins de 25 % d’entre elles précisent les investissements d’infrastructure requis, et moins de 5 % abordent la question des autres investissements nécessaires, notamment pour développer le secteur du numérique. En outre, les organismes de promotion de l’investissement sont rarement invités à participer à l’élaboration des stratégies de développement numérique.

Les investissements d’infrastructure nécessaires pour parvenir à une connectivité numérique satisfaisante dans la plupart des pays en développement ne sont pas forcément aussi colossaux qu’on le suppose souvent. Selon les estimations de la CNUCED, leur coût s’élèverait à moins de 100 milliards de dollars.

Dans le World Investment Report 2017, la CNUCED propose des politiques d’investissement de nature à renforcer les stratégies de développement numérique. Il s’agit de créer et de maintenir un cadre réglementaire propice aux entreprises du numérique, et d’adopter des mesures d’appui concrètes consistant par exemple à créer des pôles technologiques ou d’innovation, à mettre en place des services publics en ligne ou à les améliorer, et à soutenir les fonds de capital-risque et d’autres approches novatrices en matière de financement. 

Figure - Les 10 principaux secteurs touchés par la numérisation et par les restrictions aux investissements directs à l’étranger

(En pourcentage)
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Source : CNUCED, World Investment Report 2017.
* Répondants à l’enquête.