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TDR-Les méfaits de la cupidité : recherche de rentes et pratiques commerciales restrictives dans un contexte ou les plus grandes entreprises raflent la mise


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2017/029
TDR-Les méfaits de la cupidité : recherche de rentes et pratiques commerciales restrictives dans un contexte ou les plus grandes entreprises raflent la mise

Geneva, Suisse, 14 septembre 2017

​Dans son dernier rapport, la CNUCED montre que l’hypermondialisation a contribué à rendre les pratiques commerciales restrictives nettement plus répandues, et que les rentes obtenues grâce à ces pratiques aggravent les inégalités, dans un contexte où les plus grandes entreprises raflent la mise.

« Pour éviter que cette dynamique ne devienne incontrôlable, les autorités publiques doivent agir aux niveaux national et international pour faire reconnaître que la connaissance et la concurrence sont des biens publics », a dit le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, à l’occasion du lancement du Rapport sur le commerce et le développement, 2017 : Au-delà de l’austérité − vers une nouvelle donne mondiale.

Un pouvoir qui ne crée pas de prospérité

Selon le rapport, les grandes entreprises profitent de l’accroissement constant de leur pouvoir sur les marchés et de leur influence politique pour accroître leurs bénéfices en manipulant les règles du jeu. La crise de 2008 a mis en évidence le recours à ces pratiques sur les marchés financiers, et il est notoire que le 1 % le plus riche de la population use et abuse des paradis fiscaux. Ces pratiques se sont toutefois étendues aux secteurs non financiers.

« Le pouvoir sur les marchés et la concentration de ces derniers ont également fortement augmenté du point de vue des revenus, des actifs physiques et d’autres actifs tels que les droits de propriété intellectuelle », a indiqué M. Kituyi.

En analysant des données concernant les sociétés non financières de 56 pays développés et pays en développement, la CNUCED montre dans le rapport que les principales entreprises obtiennent des gains démesurés. Entre 1995 et 2015, les profits excédentaires sont passés de 4 % à 23 % des bénéfices totaux toutes entreprises confondues, mais de 19 % à 40 % dans le cas des 100 premières entreprises (voir fig.). En 1995, la capitalisation boursière des 100 premières entreprises était 31 fois supérieure à celle des 2 000 dernières du classement ; vingt ans plus tard, elle lui était 7 000 fois supérieure.

La CNUCED constate que les grandes entreprises des pays émergents ont fait leur entrée sur la scène mondiale, notamment grâce à l’essor des marchés intérieurs de ces pays. Les entreprises des pays développés conservent cependant leur position dominante, en particulier dans des secteurs à rentabilité élevée comme l’industrie pharmaceutique, les médias et les technologies de l’information et de la communication. De plus, le gros des bénéfices transférés d’un pays à l’autre leur reste attribuable.

Pourtant, la part des 100 premières entreprises dans l’emploi ne progresse pas proportionnellement à leur emprise sur le marché, qui ne cesse de croître. Mesurée à l’aune de la capitalisation boursière, cette dernière a quadruplé, alors qu’elle n’a même pas doublé du point de vue de l’emploi.

« Nous sommes aujourd’hui dans un monde de profit sans prospérité, où l’asymétrie des rapports de force sur les marchés contribue beaucoup à la hausse des inégalités de revenus », a indiqué M. Kituyi.
 
L’hypermondialisation est à l’origine de nouvelles formes de protectionnisme

Selon le rapport, les monopoles naturels qui résultent de percées technologiques sont loin de constituer le cas le plus fréquent. Les grandes entreprises sont à la tête de véritables empires de plus en plus vastes, mais cela ne tient pas davantage à leurs prouesses technologiques qu’à l’inefficacité de la législation antitrust, à la protection excessive de la propriété intellectuelle et à leurs stratégies agressives de fusion-acquisition.

Sur la base de données relatives aux filiales d’entreprises américaines au Brésil, en Chine et en Inde, le rapport fait ressortir que, dans trois secteurs à forte intensité technologique (technologies de l’information et de la communication, produits chimiques et produits pharmaceutiques), le renforcement de la protection par brevet améliore la rentabilité des activités de ces filiales, mais pas celle des sociétés ayant leur siège dans ces pays, lesquelles sont de plus en plus à la traîne.

L’évasion fiscale, le bradage des actifs publics, l’octroi de subventions publiques aux grandes entreprises et le rachat d’actions ont créé de nouvelles possibilités de création de rentes et fait augmenter la rémunération des cadres supérieurs. Selon le rapport, le cercle vicieux entre pouvoir sur les marchés et influence politique a pour effet de légitimer les pratiques douteuses des entreprises qui recherchent des rentes et d’aggraver systématiquement les inégalités de revenus et le déséquilibre des rapports de force de l’économie mondiale.
 
Part des profits excédentaires dans les bénéfices totaux, 1995-2015
(En pourcentage) 
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Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données Worldscope de Thomson Reuters.