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Pays les moins avancés : le système financier mondial doit répondre à leur urgence climatique et de développement

07 novembre 2023

Le Rapport 2023 de la CNUCED sur les pays les moins avancés explique que leurs énormes déficits en financement doivent être couverts principalement par des flux financiers à long terme, de faible coût et accessibles auprès de sources publiques internationales.

Woman received food in Gode wereda Dolo Baad distribution centre in the Somali region of Ethiopia
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© FAO/IFAD/WFP/Michael Tewelde | 31 août 2017, centre de distribution de Gode wereda Dolo Baad, région de Somali, Éthiopie.

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a souligné qu'il était impératif que les réformes financières internationales ciblent spécifiquement les besoins en financement des 46 pays les moins avancés (PMA) du monde.

Selon le Rapport 2023 sur les pays les moins avancés, publié le 7 novembre par la CNUCED, les contraintes budgétaires des PMA menacent gravement leur capacité à mettre en œuvre des politiques de développement cruciales, risquant de faire dérailler les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD) et une transition vers une économies sobre en carbone.

La Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, a déclaré que « le succès du Programme de développement durable à l'horizon 2030 est inextricablement lié aux progrès de ces nations », ajoutant que le temps est compté pour que les PMA atteignent les ODD.

L'incapacité à répondre rapidement aux besoins en financement des PMA, prévient le rapport, pourrait entraver leur développement et exacerber l'impact du changement climatique, d'autant plus que 17 des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique sont des PMA.

Déficits de financement vertigineux et énormes défis de développement

Le rapport souligne les besoins en financement considérables des PMA pour la transformation structurelle, c'est-à-dire le passage à des activités et des secteurs à forte productivité, étape nécessaire pour qu'ils atteignent les ODD.

Les estimations antérieures à la pandémie ont révélé un besoin en investissement annuel supérieur à 1000 milliards de dollars pour que les PMA doublent la part de l'industrie manufacturière dans leur PIB.

Les perturbations économiques survenues depuis 2020 ont encore accru ce montant, qui représente désormais plus du triple de l'investissement des PMA en 2021. Pour atteindre cet objectif, il faut un taux de croissance annuel peu probable de 20 % au cours de la présente décennie.

Selon un récent projet de la CNUCED sur l'évaluation des coûts des objectifs du Millénaire pour le développement, les PMA sont confrontés à un coût annuel de 372 dollars par personne pour atteindre les ODD.

Par rapport à leur économie nationale, ils supportent le fardeau le plus lourd, puisque, par exemple, la promotion de la protection sociale et des emplois décents nécessiterait 45 % de leur PIB.

La CNUCED souligne l'inadéquation du financement extérieur actuel des PMA, qui est entravé par des conditionnalités économiques et politiques, de l'inefficacité et des coûts élevés.

Le rapport appelle à une augmentation substantielle du financement du développement et du financement climatique, y compris des dons et des prêts à faible coût dans des conditions hautement concessionnelles.

Les PMA sont confrontés à de multiples crises, notamment à l'impact du COVID-19, le ralentissement de la croissance économique mondiale, l'inflation, les tensions géopolitiques et la baisse des investissements directs étrangers.

Ces crises ont entraîné un déficit de 16 % du revenu par habitant en 2023 par rapport aux objectifs de croissance. La crise de la dette a encore érodé la marge de manœuvre budgétaire de ces pays.

Le rapport souligne l'escalade du service de la dette, qui entrave les dépenses publiques indispensables à la réalisation des ODD.

Le ratio médian de la dette des administrations publiques par rapport au PIB dans ces pays est passé de 48,5 % en 2019 à 55,4 % en 2022 - son niveau le plus élevé depuis 2005.

Pour accroître la marge de manœuvre budgétaire, la CNUCED appelle les donateurs bilatéraux à respecter leurs engagements en augmentant l'aide publique au développement (APD) pour atteindre les niveaux fixés dans les accords internationaux.

Si ces objectifs avaient été atteints en 2021, les PMA auraient bénéficié de 35 à 63 milliards de dollars d'APD de plus que les 70 milliards de dollars qu'ils ont effectivement reçus.

Les banques multilatérales de développement sont invitées à lever des fonds substantiels sur les marchés internationaux des capitaux afin de fournir des prêts concessionnels à long terme et à faible coût aux PMA.

Faire face à la crise de la dette et renforcer les capacités des États

La CNUCED insiste sur la nécessité de trouver une solution durable à la crise de la dette, notamment par une meilleure gestion de celle-ci, par des contrats transparents et par la mise en place d'un mécanisme efficace de restructuration de la dette.

Le rapport appelle également la communauté internationale à aider les PMA à renforcer la capacité de l'État à lever des impôts, à gérer les ressources fiscales et à effectuer des dépenses à long terme pour des projets de développement et d'adaptation au changement climatique.

Le service de la dette dans les PMA a grimpé en flèche pour atteindre 27 milliards USD en 2021, soit une augmentation stupéfiante de 37 % par rapport à celle de 20 milliards lors de l'année précédente.

Rôle des banques centrales dans l'action climatique

Le rapport suggère que les outils des banques centrales des PMA peuvent efficacement canaliser les flux financiers vers une transformation structurelle verte.

Toutefois, une telle politique des banques centrales doit s'accompagner de politiques fiscales, industrielles et sociales complémentaires afin de garantir que les objectifs de réduction des émissions s'alignent sur les objectifs sociaux et de développement.

La COP28 pourrait changer la donne pour les PMA

Le rapport considère que le lancement prochain du Fonds pour les pertes et les préjudices lors de la 28e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) pourrait changer la donne pour les PMA, à condition qu'ils figurent parmi les principaux bénéficiaires de ce Fonds et que leurs besoins spécifiques soient pris en compte.

Toutefois, le succès de ce Fonds dépend de la disponibilité de ressources adéquates sous forme de dons, de coûts de transaction minimaux et de décaissements rapides.

Le rapport invite les pays développés à s'engager à verser un montant annuel minimum au Fonds et à mettre en place une stratégie crédible de mobilisation des ressources.

En outre, les pays donateurs sont invités à fixer un objectif distinct pour le financement de la lutte contre le changement climatique dans les PMA, en se concentrant principalement sur l'adaptation aux changements climatiques et en simplifiant l'accès aux fonds.